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Bouyoucas,
Pan
Anna
pourquoi.
Éd.
Les
Allusifs,
2003,
109
p.
e
Sacré
et
le
Profane
Du
sommet
du
mont
Apitiki,
une
forteresse
centenaire
surplombe
l'île
grecque
de
Leros.
Nicoletta,
une
nonne
de
50
ans,
y
vit
seule
depuis
quatre
ans
en
qualité
de
responsable
de
la
chapelle,
qui
abrite
une
icône
miraculeuse
entourée
d'ex-voto.
Afin
de
la
soutenir
contre
le
silence,
la
solitude
et
le
vertige
afférent
à
ce
lieu
perché
entre
ciel
et
mer,
l'archevêque
a
désigné
dans
cette
fonction
sœur
Veroniki,
une
jeune
novice
d'une
très
grande
beauté.
Pourtant,
la
religieuse
quinquagénaire
avait
acquis,
comme
ancienne
missionnaire
en
Afrique,
une
carapace
assez
forte
pour
la
protéger
de
tout
découragement
fatal.
Elle
se
prend
plutôt
pour
Dieu
"
à
vivre
ainsi
au
bord
du
vide,
à
regarder
les
mouettes
planer
librement
en
savourant
la
volupté
de
l'abandon,
[...]
à
toujours
regarder
l'humanité
de
haut
".
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Son
expérience
lui
avait
surtout
appris
à
distinguer
la
réalité
de
l'illusion.
Nicoletta
n'est
pas
dupe
des
prétendus
miracles
de
la
Vierge
de
l'icône.
C'est
plutôt
une
femme
d'action
qui
sait
que
l'amour
de
Dieu
passe
par
l'amour
du
prochain.
Afin
de
ne
pas
voir
un
fossé
se
creuser
entre
elle
et
le
monde,
elle
a
même
demandé
au
cabaretier
de
l'endroit
de
lui
garder
les
revues
qu'il
réserve
à
sa
clientèle
afin
d'y
lire
les
chroniques
sur
le
cinéma
qui,
semble-t-il,
lui
offre
un
portrait
valable
de
notre
humanité.
Sa
vocation
ne
l'a
pas
détournée
de
ses
semblables
pour
lesquels
elle
est
même
prête
à
combler
les
besoins
charnels.
Contrairement
à
son
aînée,
Veroniki
veut
se
consacrer
à
Dieu
avec
la
ferveur
qui
caractérise
les
jeunes
remplis
d'idéal.
Le
démon
l'attendra
au
tournant
en
empruntant
le
corps
d'un
diacre
venu
dans
son
nid
d'aigle
sous
le
prétexte
de
restaurer
les
icônes
de
la
chapelle.
Il
veut
retrouver
l'amour
d'Anna,
le
prénom
de
baptême
de
la
jeune
novice.
Pourquoi
l'a-t-elle
abandonnée
pour
se
consacrer
à
Dieu?
Sa
déception
lui
inspirera
un
graffiti
qu'il
écrira
sur
les
parois
rocheuses
de
la
montagne.
Son
"
Anna
pourquoi
"
que
toute
la
population
de
Platanos
peut
lire
traumatise
tous
les
mâles
dont
la
douce
moitié
porte
ce
prénom.
Ce
court
roman
s'inscrit
dans
le
créneau
du
sacré
et
du
profane.
Existe-t-il
une
frontière
infranchissable
entre
les
deux
mondes?
Pan
Bouyoucas
tente
de
réconcilier
la
vie
terrestre
et
le
royaume
des
cieux.
Il
rappelle
aux
doctrinaires
que
"
l'histoire
sainte
n'est
pas
qu'une
célébration
du
martyre
et
de
la
mort
".
Même
"
la
nature
ne
porte
jamais
le
deuil.
Les
malheurs
et
les
désastres
ont
beau
se
succéder,
les
saisons,
les
fleurs
et
les
fruits
persistent
à
célébrer,
avec
leurs
couleurs
et
leurs
parfums,
la
vie
et
ses
résurrections.
"
L'auteur
prône
en
somme
la
sagesse
du
paganisme
qui
s'est
donné
une
mythologie
remplie
de
dieux
pour
protéger
la
vie
des
humains
sur
terre.
C'est
bien
différent
du
Dieu
dont
les
fondamentalistes
implorent
la
vengeance.
En
somme,
cette
leçon
de
théologie
plonge
au
cœur
des
enjeux
humains
tels
que
l'amour,
la
vie
et
la
mort.
C'est
très
pédagogique
:
la
théorie
est
illustrée
d'exemples
frappants.
Par
contre,
l'écriture
parfois
lourde
peut
gâter
le
plaisir
du
lecteur,
sans
compter
l'épilogue
qui
relève
davantage
de
l'art
du
résumé
que
de
la
narration.
Nonobstant
ces
faiblesses,
c'est
un
roman
intéressant
qui
encourage
les
"
élans
de
l'âme
"
aux
dépens
des
esprits
apolliniens.
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