To,
My
Lan.
Cahier
d'été.
Éd.
Triptyque,
2000,
91
p.
Les
Désarrois
d'un
adolescent
Avoir
quinze
ans,
c'est
comme
souffrir
d'une
maladie
incurable.
Regardez
les
adolescents
en
compagnie
de
leurs
parents
:
leurs
visages
portent
les
stigmates
d'une
mort
imminente.
Ils
sont
grincheux,
ils
ne
parlent
que
par
monosyllabes.
Les
"
ouais
"
déprimants
accompagnent
leurs
réponses
les
plus
positives.
Et
les
"
ch'sais
pas
"
leur
servent
de
non.
Allez
savoir
ce
qu'ils
veulent.
Eux-mêmes
se
le
demandent.
Ce
qui
les
occupe,
c'est
le
look.
Les
garçons
portent
un
jeans
avec
la
fourche
aux
genoux
et
chaussent
des
baskets
délacés,
qui
leur
donnent
une
démarche
dégingandée.
Les
filles
marchent
comme
des
robots
sur
des
échasses
pour
accentuer
la
mode
du
raccourci.
Et
les
deux
sexes
sont
branchés
sur
les
vedettes
de
la
chanson
pour
s'enivrer
de
leurs
messages
suspects.
Que
cache-t-on
derrière
l'image?
My
Lan
To,
une
jeune
Québécoise
d'origine
chinoise,
répond
à
cette
question
dans
Un
cahier
d'été.
C'est
bien
la
pire
saison
pour
les
adolescents
qui
perdent,
le
temps
des
vacances,
le
cercle
des
amis
qui
les
valorisent.
Donc,
Gabriel,
le
jeune
héros,
sent
que
sa
vie
au
chalet
de
ses
parents
va
"
être
phase
terminale
ou,
plus
simplement,
état
stationnaire
ou,
encore
plus
simplement,
rien
du
tout.
"
Pour
compenser
les
malheurs
de
son
"
hospitalisation
"
au
bord
d'un
lac,
il
tente
de
réaliser
un
rêve
caressé
depuis
longtemps
:
écrire.
Autour
de
trois
personnages,
il
construit
une
histoire
qui
l'aidera
à
mieux
se
comprendre.
D'abord,
il
tente
d'exorciser
la
mort
en
imaginant
la
noyade
d'une
jeune
fille.
Angoissé
aussi
par
son
identité
sexuelle,
il
invente
le
personnage
d'Hervé
qu'il
rattache
à
l'homosexualité.
Ainsi
l'acte
d'écrire
devient
pour
lui
la
réponse
à
ses
confusions.
Souvent,
sans
pouvoir
le
formuler,
les
adolescents
vivent
des
malaises
non
identifiables,
mais
Gabriel
parviendra
à
cerner
les
siens
grâce
à
l'histoire
qu'il
confie
à
un
cahier,
fidèle
compagnon
de
son
été.
L'écriture
est
une
thérapie
bien
connue
pour
parvenir
à
une
certaine
sérénité,
comme
l'a
démontré
Ann
Frank.
Le
roman
de
My
Lan
To
n'a
rien
d'une
complainte
juvénile
qui
accuse
tous
les
adultes
d'incompréhension.
Le
héros
cherche
honnêtement
la
source
de
son
malaise
existentiel.
Après
la
lecture
de
cette
œuvre,
on
comprendra
davantage
ce
qui
se
trame
derrière
la
"
face
de
bœuf
"
ou
les
fanfaronnades
des
adolescents.
C'est
un
beau
roman.
Cependant
l'écriture
soignée
ne
parvient
pas
à
combler
le
manque
de
vivacité
qui
le
dépare.
On
sent
les
carences
de
l'inexpérience
de
cette
auteure
qui
a
presque
l'âge
de
son
héros.
Mais
elle
réussit
quand
même
à
traduire
les
maux
de
l'âme
de
l'adolescent
comme
Robert
Musil
l'avait
fait,
en
beaucoup
mieux,
de
l'élève
Törless
ou
encore
Élise
Turcotte
dans
L'Île
de
la
Merci.
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