Barcelo,
François.
Chroniques
de
Saint-Placide-de-Ramsay.
Éd.
Fayard,
2007,
310
p.
L'Autopsie
des
crapules
Les
chroniques
villageoises
abondent
dans
notre
littérature.
Ce
n'est
pas
nécessairement
une
odeur
de
sainteté
qui
en
émane
quoi
qu'en
disent
les
nostalgiques
du
"
bon
vieux
temps
".
Que
ce
soient
Nicole
Filion
dans
Noces
villageoises
ou
Lise
Tremblay
dans
La
Héronnière,
les
auteurs
tracent
souvent
un
portrait
pénible
des
bleds
perdus.
Avec
son
cynisme
habituel,
François
Barcelo
relate
lui
aussi
des
incidents
peu
édifiants
survenus
à
Saint-Placide-de-Ramsay,
une
localité
fictive
en
décrépitude,
située
à
600
km
de
Montréal.
C'est
avec
résignation
que
les
Ramsayens
assistent
au
déclin
de
leur
paroisse,
privée
de
ses
jeunes,
partis
s'établir
dans
les
centres
urbains.
Les
institutions
portent
les
stigmates
de
cet
exil.
Les
fonts
baptismaux
sont
fendillés,
le
bar
de
danseuses
nues
a
laissé
place
à
un
troquet
miteux,
qui
a
perdu
la
moitié
des
néons
de
son
enseigne.
Le
curé
et
le
croque-mort
parviennent
difficilement
à
boucler
leurs
budgets.
Plus
de
mariages
ni
de
baptêmes
pour
remplir
les
coffres
de
la
fabrique
et
pas
plus
de
funérailles
puisque
les
vieux
s'entêtent
à
mourir
centenaires.
Pour
le
plus
grand
plaisir
du
lecteur,
François
Barcelo
saute
avec
indécence
sur
la
déconvenue
du
monde
rural,
force
vive
du
Québec
de
jadis.
Derrière
l'écran
de
la
dignité,
l'auteur
s'amuse
à
débusquer
le
comportement
paradoxal
des
notables.
L'angle
choisi
s'ajuste
à
la
lente
agonie
du
village.
La
finalité
constitue
la
thématique
des
deux
romans
noirs
qui
composent
les
chroniques
de
Saint-Placide.
En
fait,
ce
sont
de
longues
nouvelles
policières.
Tant
qu'à
mourir,
il
faut
réussir
sa
mort,
faute
de
réussir
sa
vie.
Pour
respecter
cette
consigne
de
Heidegger,
les
héros
s'emploient
à
faciliter
l'atteinte
de
cet
objectif
auprès
de
leurs
concitoyens.
François
Barcelo
a
trafiqué
un
suspense
loufoque
pour
introduire
le
destin
tragique
de
quelques
Ramsayens
responsables
d'avoir
terni
l'estime
de
soi
de
quelques
citoyens
au-dessus
de
tout
soupçon.
Qui
pourrait
imaginer
leur
conduite
meurtrière?
L'auteur
s'applique
à
démontrer
qu'elle
s'avère
quand
l'honneur
est
en
jeu.
Comme
dans
Cadavres,
il
tourne
en
dérision
nos
travers
camouflés
sous
le
couvercle
de
la
respectabilité,
et
les
institutions
reflétant
l'image
crapuleuse
de
ceux
qui
les
dirigent.
Malgré
le
caractère
primaire
des
personnages
enclins
à
la
vengeance
se
profile
le
souhait
d'un
monde
meilleur.
Son
requiem
polyphonique
convient
bien
à
cette
autopsie
satirique,
pratiquée
avec
un
humour
cependant
moins
magique
que
dans
les
premières
œuvres
de
ce
conteur.
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