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Segura,
Mauricio.
Côte-des-Nègres.
296
p.
Les
Fils
d'immigrants
Le
quartier
Côte-des-Neiges
est
l'un
des
plus
cosmopolites
de
Montréal.
Il
s'étale
à
l'ombre
du
mont
Royal
qui
domine
la
ville.
Les
Québécois
de
souche
y
sont
fort
peu
nombreux.
C'est
presque
un
ghetto.
Paradoxalement,
autour
d'une
université
et
de
deux
grandes
librairies
françaises
vit
une
population
concentrée
d'immigrants
qui
cherche
à
s'intégrer
à
la
culture
anglaise.
Les
jeunes
se
côtoient
dans
les
endroits
publics
sans
se
parler.
Ils
forment
même
des
cliques
à
l'adolescence
pour
exprimer
leur
diversité
culturelle
en
recourant
à
des
moyens
qui
tournent
parfois
au
vinaigre,
voire
à
la
tragédie.
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Mauricio
Segura,
d'origine
chilienne,
connaît
bien
ce
quartier
pour
y
avoir
vécu
son
enfance
avec
ses
parents
qui
ont
fui
le
régime
de
Pinochet.
Avec
ce
roman,
il
témoigne
de
son
expérience
au
sein
d'une
population
hostile
à
la
différence,
particulièrement
à
l'âge
que
prend
forme
l'image
identitaire.
Pas
surprenant
que
naissent
des
gangs
d'adolescents
qui
s'affrontent
pour
revendiquer
leur
appartenance
au
quartier.
C'est
une
question
de
survie
dans
un
milieu
très
diversifié
et
dans
un
Québec
très
divisé
au
sujet
de
la
question
nationale.
Ce
contexte
constitue
l'essentiel
de
Côte-des-Nègres.
Cette
appellation
dérisoire
et
communément
employée
n'implique
pas
la
prépondérance
des
Noirs
dans
le
quartier.
Elle
est
empruntée
aux
policiers
qui
le
désignent
ainsi.
Le
roman
évoque
donc
la
rivalité
entre
un
gang
formé
d'Haïtiens
et
un
autre
formé
de
Sud-Américains.
Leurs
affrontements
sont
fomentés
dans
les
milieux
qu'ils
fréquentent
comme
l'église
et
l'école
Saint-Pascal-Baylon
et
trouvent
leur
dénouement
dans
le
parc
Kent
situé
en
face.
Grâce
à
cette
œuvre,
on
découvre
le
climat
qui
préside
à
l'éclosion
de
ces
débordements
violents,
méconnus
des
adultes.
Et
pour
cause.
Comme
immigrants,
les
rôles
sont
inversés.
À
cause
de
la
fréquentation
scolaire,
les
jeunes
initient
les
parents
aux
us
et
coutumes
du
pays
d'accueil.
Laissés
à
eux-mêmes
à
cause
des
circonstances,
ils
se
donnent
une
force
en
s'unissant
et
en
l'exerçant
par
la
suite
contre
leurs
frères
exilés.
Ce
manque
d'encadrement
conduit
inexorablement
à
la
criminalité,
devenue
le
fleuron
des
gangs
de
rue.
Ce
roman
compte
parmi
les
rares
à
donner
l'image
du
vrai
Montréal,
un
Montréal
multiethnique,
un
Montréal
qui
se
criminalise,
un
Montréal
bien
différent
de
celui
de
Michel
Tremblay
qui
a
exploré
la
population
du
flanc
est
de
la
montagne
alors
que
Segura
a
exploré
le
flanc
ouest.
Ces
auteurs
ne
donnent
pas
dans
la
sociologie,
mais
ils
font
un
portrait
assez
juste
d'un
monde,
somme
toute,
misérable,
un
monde
présenté
avec
ses
distinctions
linguistiques
et
sociales.
Bref,
Côte-des-Nègres
rend
compte
avec
efficacité
d'une
réalité
qui
forge
maintenant
le
paysage
montréalais.
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