Gervais,
Bertrand
Gazole.
Éd.
XYZ,
2001,
174
p.
Suicide
d'un
collégien
Les
statistiques
nous
apprennent
que
le
taux
de
suicide
chez
les
jeunes
hommes
est
très
élevé.
Des
centaines
s'enlèvent
la
vie
chaque
année
au
Québec
et
des
milliers
au
Canada.
Bertrand
Gervais
scrute
l'univers
de
cette
brutale
fatalité
à
travers
son
œil
de
professeur
qui
rencontre
chaque
jour
ces
candidats,
dont
la
mort
alimente
les
colonnes
des
journaux.
L'adage
populaire
affirme
que
la
jeunesse
est
une
période
d'insouciance
et
d'exubérance,
mais
la
réalité
prouve
tout
le
contraire.
L'auteur
dépeint
surtout
les
répercussions
psychologiques
sur
l'entourage
de
celui
qui
se
suicide,
en
l'occurrence
un
collégien
qui
écrit
les
paroles
des
chansons
pour
un
band
formé
d'amis
du
même
cégep,
quelque
part
au
Saguenay.
L'atmosphère
funeste
de
l'œuvre
est
rendue
en
premier
lieu
par
des
appellations
moroses.
Livre
des
morts
est
le
nom
du
groupe,
qui
se
produit
au
bar
des
Sales
Guenilles.
Le
spectre
de
la
mort
n'est
pas
évoqué
en
vain.
Il
frappe
donc
le
parolier
que
l'on
retrouve
nu
et
en
érection,
pendu
à
un
crochet
de
sa
chambre.
C'est
le
chanteur
du
groupe
et
la
claviériste
(Gazole)
qui
font
la
macabre
découverte
du
cadavre
de
Lancelot
Tremblay.
Son
geste
mortifère
les
marque
profondément.
Le
deuil
qui
s'en
suit
est
pénible
parce
qu'ils
doivent
se
réapproprier
leurs
corps
pour
en
avoir
perdu
la
valeur
en
voyant
celui
de
leur
ami
pendu.
En
stigmatisant
les
conséquences
de
la
mort
sur
autrui,
Bertrand
Gervais
voulait
peut-être
aiguiller
les
jeunes
sur
des
rails
qui
les
détournent
du
suicide.
La
vie
se
nourrit
de
celle
des
autres.
Disparaître,
c'est
couper
les
vivres
à
ceux
que
l'on
aime.
Et
il
n'est
pas
facile
de
se
tourner
pour
aller
s'abreuver
à
d'autres
sources.
L'intention
est
louable,
mais
son
expression
s'embourbe
inutilement
dans
les
dédales
de
la
criminalité.
La
gravité
du
sujet
n'exigeait
pas
que
l'on
franchît
les
frontières
psychologiques
des
personnages,
comme
le
passage
des
Hell's
Angels
et
l'exploitation
d'une
onomastique
particulière
pour
caractériser
les
héros.
Que
Gazole
soit
ainsi
surnommée
parce
que
son
père
tient
une
station-service
relève
du
trait
comique
plutôt
que
de
la
tragédie.
Encadré
par
la
musique
des
jeunes,
ce
roman
s'égare
un
peu,
mais
touche
son
but
par
l'authenticité
de
son
appel
à
la
solidarité
humaine,
comme
le
cri
de
Jonathan
Harnois
dans
Je
voudrais
me
déposer
la
tête.
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