Paul-André Proulx

Littérature Québecoises


April, Jean-Pierre.

Histoires centricoises. Éd. Septentrion, 2017, 165 p.

Devant les barrières humaines.

Avec simplicité, Jean-Pierre April continue de raconter les aventures ou plutôt les mésaventures de ses congénères. Tous sont soumis aux mêmes contraintes universelles même si les personnages vivent dans le décor restreint du centre du Québec, soit de Drummondville à Victoriaville, d'où le titre d'Histoires centricoises.


Le passé n'est pas consumé dans les histoires de l'auteur, un merveilleux conteur. Au contraire, il s'enrichit en s'acoquinant avec la fantasmagorie. Même si Mémère Thibodeau agonise entourée des siens, ça ne l'empêchera pas de faire un dernier tour de piste avec son petit fils désireux d'avoir une bicyclette. Le passé se projette dans le futur. Ou, au contraire, le passé meurt de sa belle mort quand il ne parvient pas à tracer la route désirable à suivre, comme c'est le cas " Dans le garage ". Hier doit être garant de l'avenir. Sinon, aussi bien tourner le dos à ce qui fut s'il ne garantit pas des jours fabuleux comme l'histoire des " Retrouvailles à Victo ". Retrouver le passé dans le champ du pommier qui claironnait un amour indicible à l'ombre du Mont Saint-Michel d'Arthabaska. La pomme offerte au héros doit bien générer un jour sa promesse d'ivresse charnelle et éternelle. Pourquoi pas ?

Le passé chemine vers demain. Ça sent la mort partout. C'est le lot de l'humanité, mais ce n'est pas une raison pour perdre son âme. L'œuvre se veut une invitation à marcher dans les pas d'autrui. C'est ensemble qu'on triomphe de la mort. Rien ne finit, tout est à créer comme le raconte l'auteur dans sa dernière histoire aux accents écologiques. On fera la terre à notre image débordante de vie pourvu que l'on croie en soi.

Imprégnée d'humour et de mélancolie, cette réflexion sur la condition humaine est encourageante. La fatalité ne tue personne quand on a foi en son étoile même si les meurtrissures émaillent nos vies.