Lahaie,
Christiane.
Hôtel
des
brumes.
Éd.
L'Instant
même,
2002,
108
p.
L'Hôtel
de
l'espérance
Les
embruns
qui
habillent
les
îles
essaimées
dans
les
mers
du
monde
fascinent
les
âmes
tristes
en
quête
d'émergence.
Ce
tableau
impressionniste
laisse
croire
que
ces
haltes
détiennent
le
pouvoir
magique
de
conférer
la
tranquillité
d'esprit
pour
liquider
les
séquelles
afférentes
aux
épreuves
de
la
vie.
C'est
pourquoi
on
accourt
de
tous
les
horizons
à
l'Hôtel
des
brumes,
un
édifice
vétuste
arrimé
à
une
île
à
la
dérive.
Cet
aspect
fantastique
fait
ressortir
le
charme
désuet
de
cette
Atlantide,
capable
de
fournir
le
terrain
propice
à
la
solution
des
problèmes
aussi
intemporels
que
l'amour,
la
vieillesse
et
la
mort.
Avec
cette
œuvre,
Christiane
Lahaie
contribue
à
la
légende
de
cette
île
hypothétique
qui,
depuis
Platon,
nourrit
notre
imaginaire.
Chacune
des
nouvelles
trace
le
portrait
d'un
client.
Derrière
la
porte
de
la
chambre
27
se
cache
le
couple
Sanchez,
brisé
par
l'infidélité
du
mari.
Liza
England
occupe
la
chambre
22
où
elle
se
réfugie
dans
la
lecture
afin
d'éviter
les
déceptions
de
l'existence.
La
17
est
habitée
par
une
famille
soumise
au
silence
du
père.
Dans
la
20,
Otto
Kurosawa
fuit
la
rumeur
exaspérante
des
cellulaires
en
espérant
trouver
la
sérénité
des
moines
bouddhistes.
Le
dentiste
Alphonse
Tracy,
qui
s'est
marié
par
crainte
de
la
solitude,
a
réservé
la
7
pour
combler
la
vacuité
de
sa
femme.
Bref,
l'Hôtel
des
brumes,
similaire
aux
vieux
établissements
hôteliers
des
côtes
états-uniennes,
accueille
des
pensionnaires
meurtris
qui
observent
l'horizon,
jouent
au
bridge
ou
écoutent
de
la
musique
en
attendant
qu'un
miracle
se
produise.
Et
tous
sont
confiants
d'infléchir
les
dieux
en
leur
faveur.
Ils
le
sont
d'autant
plus
qu'ils
croient
que
l'ailleurs
guérit
des
maux
nés
sous
des
cieux
incléments.
C'est
une
conception
romantique
de
l'espace
qui
annihile
la
mémoire
en
vue
d'une
réincarnation
libératrice.
La
ville
qui
a
imposé
ses
entraves
s'effacerait
pour
laisser
place
à
un
monde
nouveau,
à
la
condition
d'y
apporter
de
la
bonne
volonté.
Cet
ailleurs
choisit
par
l'auteur
est
d'autant
plus
opérant
du
fait
qu'il
est
relié
au
monde
pélagique.
La
mer
stimulerait
l'esprit
comme
elle
stimulerait
un
corps
soumis
à
l'usure
du
temps.
La
régénérescence
grâce
à
un
Poséidon
qui
aurait
coupé
toutes
les
amarres
qui
relient
les
âmes
meurtries
au
sadisme
des
continents.
Avec
des
teintes
douces
comme
les
tableaux
impressionnistes,
Christiane
Lahaie
peint
un
monde
de
passions
qui
a
besoin
de
prendre
le
large
pour
trouver
ses
assises.
À
l'instar
de
Lise
Tremblay
dans
La
Héronnière
et
de
Marie-Paule
Villeneuve
dans
Le
Dernier
Quart
de
travail,
elle
regroupe
ses
nouvelles
autour
d'un
thème
très
circonscrit.
Trop
même.
Ses
deux
consœurs
ont
su
éviter
l'effet
désagréable
de
l'écho.
Le
caractère
répétitif
de
l'Hôtel
des
brumes
assombrit
quelque
peu
le
plaisir
de
lire
cette
œuvre
d'une
grande
richesse
psychologique.
Plaisir
gâté
aussi
par
des
dénouements
peu
inventifs.
Par
contre,
une
écriture
poétique
donne
au
recueil
un
souffle
qui
nous
entraîne
quand
même
rapidement
vers
la
dernière
page.
|