Myre,
Suzanne.
Humains
aigres-doux.
Éd.
Marchand
de
feuilles,
2004,
157
p.
La
Vacuité
de
notre
monde
Dans
son
recueil
de
nouvelles,
Suzanne
Myre
prend
un
malin
plaisir
à
dénoncer
les
conventions
des
résidants
du
Plateau
Mont-Royal
et
de
la
banlieue.
Toujours
à
l'affût
des
nouveautés
qui
rendent
IN,
ils
mènent
une
vie
factice
qui
les
vide
de
leur
humanité.
C'est
le
fil
conducteur
que
suit
la
nouvelliste
pour
indiquer
où
le
bât
blesse
dans
les
sociétés
occidentales.
L'œuvre
prend
son
envol
avec
un
dîner
d'anniversaire.
La
narratrice,
l'alter
ego
de
l'auteur,
précise
à
quelle
enseigne
elle
se
loge.
L'alcool
aidant,
elle
s'attaque
à
la
popularité
du
sushi,
aux
prénoms
empruntés
aux
feuilletons
américains,
aux
cheveux
teints,
à
l'obsession
de
la
grosseur
des
seins,
à
Richard
Desjardins
dont
on
doit
aimer
la
voix
éraillée,
à
l'éjaculation
précoce
qui
frustre
les
femmes,
à
l'idéal
des
banlieusards
qui
rêvent
de
cabanon.
Avec
perfidie,
Suzanne
Myre
dresse
un
inventaire
des
turpitudes
féminines.
Afin
que
l'on
avale
son
huile
de
foie
de
morue,
elle
lui
donne
un
goût
aigre-doux
en
la
diluant
avec
de
l'humour.
Les
autres
nouvelles,
plus
faibles
que
la
première,
soulignent
le
narcissisme
et
l'hédonisme
des
héros.
Le
perroquet
que
l'on
achète
peut
devenir
rapidement
le
souffre-douleur
des
caprices
d'un
enfant,
la
réunion
de
poètes,
l'occasion
de
se
mépriser
et
le
colloque
de
science,
un
prétexte
aux
infidélités.
La
dernière
nouvelle
fusionne
le
tout
dans
un
ensemble
cohérent.
Les
héros
de
presque
chacune
d'elles
font
un
dernier
tour
de
piste
pour
recevoir
la
touche
finale
de
leur
personnalité.
L'auteur
en
profite
pour
stigmatiser
en
particulier
le
marchand
d'illusions
par
excellence,
le
coiffeur
de
ces
dames,
un
bisexuel
qui
joue
aussi
bien
du
popotin
que
des
ciseaux.
Le
message
est
clair
:
si
les
belles
plumes
font
les
beaux
oiseaux,
les
beaux
cheveux
ne
font
pas
les
beaux
cerveaux.
L'auteur
s'en
prend
à
notre
vacuité
sans
préciser
de
voie
à
suivre.
Elle
espère
que
le
naturel
revienne
au
galop
:
accepter
ses
petits
seins,
sa
calvitie,
sa
couleur
de
cheveux…
Ensuite
?
C'est
très
limité
comme
idéal.
On
sent
vaguement
que
la
vie
devrait
tourner
autour
d'autrui,
mais
le
recueil
est
à
mille
lieues
de
l'esprit
franciscain.
Le
meilleur
de
cette
œuvre
reste
l'authenticité
du
discours.
Au-delà
de
son
aspect
partiel
et
de
son
écriture
estudiantine,
Humains
aigres-doux
se
distingue
par
la
justesse
de
l'observation
de
nos
pratiques
superfétatoires.
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