Blais,
Marie-Claire.
La
Belle
Bête.
Éd.
Boréal
compact,
1991,
167
p.
(Éd.
originale
:
1959)
Haro
sur
les
mères!
La
littérature
québécoise
des
années
50
connaît
un
creux.
Tous
les
romanciers
ont
livré
leur
vision
de
la
première
moitié
du
20e
siècle.
Ils
ont
débattu
en
particulier
des
valeurs
rurales
et
urbaines
ainsi
que
de
la
survivance
du
français
et
du
catholicisme.
À
bout
de
souffle,
il
fallait
une
relève
qu'Yves
Thériault,
entre
autres,
a
assurée
par
ses
œuvres
consacrées
aux
Amérindiens.
Avec
Anne
Hébert,
nous
plongions
dans
des
œuvres
manichéennes,
et
Marie-Claire
Blais
a
suivi,
à
17
ans,
les
mêmes
paramètres
que
Le
Torrent,
une
longue
nouvelle
de
son
aînée.
Les
années
1950
forment
donc
une
charnière
qui
ouvre
la
littérature
à
de
nouvelles
thématiques.
Surgit
en
particulier
l'image
maternelle
que
l'on
associe
à
tous
les
maux
de
l'être
en
croissance.
Dans
La
Belle
Bête
parue
en
1959,
Isabelle-Marie
reproche
amèrement
à
sa
mère
Louise
de
la
rejeter
à
cause
de
sa
laideur
au
profit
de
son
frère
Patrice,
une
belle
bête
dépourvue
d'intelligence.
La
dynamique
de
la
haine
qui
en
découle
porte
des
germes
de
mort
qui
engendreront
une
vie
meilleure.
La
mort
à
la
rescousse
du
bonheur
!
Un
dérèglement
des
sentiments
qui
se
nourrit
de
jalousie
et
de
vengeance.
Cette
trame
profile
des
arabesques
oniriques
que
Freud
a
bien
analysées
dans
ses
œuvres.
Le
cheval
donne
à
Patrice
la
force
morale
qu'il
n'a
pas
alors
que
l'eau
alimente
son
narcissisme.
Dans
un
roman
qui
se
présente
comme
un
commencement,
le
feu
devient
l'arme
idéale
de
l'héroïne
en
quête
de
lendemains
prometteurs.
Sous
le
couvert
des
symboles,
on
assiste
en
somme
à
la
naissance
d'une
personnalité
qui
ne
peut
s'accomplir
sans
larguer
la
rivale
oedipienne,
en
l'occurrence
une
mère
qui
a
hérité
de
la
ferme
de
son
mari
mort
prématurément.
Au
niveau
social,
le
roman
apparaît
comme
un
témoin
du
tournant
pris
par
le
Québec
autour
des
années
60,
et
qu'on
a
qualifié
de
Révolution
tranquille.
Rejetant
le
passé
pour
accéder
au
rang
de
société
moderne,
il
s'est
donné
les
outils
nécessaires
à
son
développement,
comme
la
création
des
ministères
de
l'Éducation
et
de
la
Santé.
À
l'instar
de
l'héroïne,
la
province
s'est
débarrassée
de
ses
vestiges
pour
se
donner
finalement
un
projet
souverainiste.
C'est
une
œuvre
visionnaire
après
coup,
mais
c'est
surtout
une
œuvre
de
jeunesse
:
vivre
dans
un
monde
créé
par
soi.
Bref,
l'auteure
décrit
la
détresse
d'une
jeune
femme
qui,
pour
accéder
à
sa
liberté,
détruit
l'univers
familial
sans
amour
dans
lequel
elle
a
vécu.
|