Beaugrand,
Honoré.
La
Chasse-galerie.
Éd.
Boréal
compact
classique,
2002,
188
p.
L'Oeuvre
du
diable
Honoré
Beaugrand,
élu
maire
de
Montréal
en
1885,
a
clos
le
X1Xe
siècle
avec
La
Chasse-galerie.
Le
titre
peut
heurter
l'entendement.
Voici
comment
l'auteur
le
définit
:
"
Ce
sont
des
canots
qui
volaient
dans
les
airs,
poussés
par
le
diable,
il
y
a
de
ça
bien
longtemps.
Ils
transportaient
des
possédés
du
démon,
surtout
des
gars
de
chantier.
"
Comme
avant
eux
leurs
prédécesseurs,
les
coureurs
des
bois
et
les
voyageurs,
ces
derniers
ont
inspiré
de
nombreux
écrivains.
Ils
les
présentent
comme
des
créatures
diaboliques,
créant
ainsi
à
son
égard
une
méfiance
en
même
temps
qu'un
attrait
à
l'instar
des
œuvres
d'épouvante
d'aujourd'hui.
Les
légendes
du
maire
peuvent
porter
l'étiquette
du
fantastique.
Un
fantastique
qui
a
semé
l'effroi
jusqu'à
tout
récemment
autant
chez
les
jeunes
que
chez
les
plus
âgés.
Belzébuth
a
laissé
dans
l'imaginaire
collectif
une
forte
empreinte
en
parcourant
le
Québec
pour
alimenter
le
foyer
de
l'enfer
d'enfants
désobéissants
ou
d'adultes
impénitents.
À
l'instar
de
Faust,
pourquoi
ne
pas
lui
vendre
son
âme
pour
le
contrer?
C'est
dans
ce
sillon
que
naît
la
première
légende
de
l'œuvre.
Des
bûcherons
éloignés
de
leurs
familles
aimeraient
bien
aller
voir
leurs
"
blondes
"
afin
de
leur
donner
des
petits
becs.
Avec
la
chasse-galerie,
rien
n'est
plus
facile.
Le
Méphistophélès
québécois
autorisera
le
voyage
en
canot
volant,
comme
la
sorcière
sur
son
balai,
pour
que
ces
hommes
des
bois
retrouvent
leurs
bien-aimées
qui
habitent
Lavaltrie.
Des
conditions
sont
assorties
au
contrat.
Il
n'est
pas
question
de
prononcer
le
nom
de
Dieu
et
de
naviguer
près
des
clochers.
Honoré
Beaugrand
a
pétri
ses
légendes
à
même
la
culture
québécoise
du
X1Xe
siècle.
Elle
dévoile
l'âme
d'un
peuple
hanté
par
des
personnages
dont
les
voyages
avaient
quelque
chose
d'intrigant,
voire
de
dépravé.
Rien
de
mieux
que
de
créer
des
légendes
pour
exorciser
sa
peur
du
"
dieu
des
routes
",
comme
l'a
baptisé
Germaine
Guèvremont
dans
Le
Survenant.
L'écriture
a
pris
quelques
rides,
mais
c'est
quand
même
une
oeuvre
intéressante
que
Vincent
Vanoli
a
transposée
dans
une
bande
dessinée.
Contrairement
à
la
production
contemporaine
qui
joint
la
violence
à
la
peur,
La
Chasse-galerie
s'en
tient
à
une
conscience
formée
par
les
craintes
de
l'enfer.
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