|
Séguin,
Marc
La
Foi
du
braconnier.
Éd.
Leméac,
2009,
150
p.
Pont
entre
soi
et
l’Amérique
Issu
d’un
métissage
blanc
et
mohawk,
Marc
S.
Morris
cherche
sa
voie
dans
cette
Amérique
qui
le
déçoit
tant.
Sans
cesse
éperonné
par
ses
pensées
identitaires,
il
mène,
pendant
dix
ans,
une
quête
épuisante,
qui
le
décide
à
rendre
l’âme.
Son
acte
manqué
l’oblige
à
s’accrocher
à
une
bouée
qu’il
trouve
en
Emma.
|
Quête
amoureuse,
précédée
d’une
quête
spirituelle
menée
au
séminaire
de
Montréal
afin
de
se
consacrer
à
la
prêtrise
sous
le
patronage
d’un
évêque
avec
lequel
il
entretient
des
liens
amoureux.
Cet
éminent
prélat
lui
indique
le
sentier
à
suivre
dans
une
lettre
qu’il
lui
envoie
avant
de
mourir.
Avoir
la
foi
du
charbonnier,
en
l’occurrence
du
braconnier,
mettrait
fin
à
ses
tourments.
C’est
ce
qu’il
croit,
mais
le
chasseur
en
lui
l’amène
ailleurs
«
pour
ne
pas
tuer
des
hommes
».
La
chair
des
caribous
et
des
canards
ira
mijoter
dans
les
chaudrons
du
restaurant
qu’il
ouvrira
pour
subvenir
aux
besoins
de
sa
femme
et
de
sa
fille.
La
cynégétique
sert
d’ailleurs
de
toile
de
fond
à
ce
roman
instructif
sur
l’art
de
dépecer
le
gibier
et
de
l’apprêter.
Quel
délice
que
«
les
tripes
de
chevreuil
mijotées
avec
des
bébés
choux
de
Bruxelles
à
la
menthe
»
!
Homme
entier,
il
fonce
dans
la
vie
pour
satisfaire
ses
impulsions
primaires,
qui
le
conduisent
aux
quatre
coins
de
l’Amérique
en
parcourant
avec
son
pick-up
le
trajet
qu’il
a
tracé
sur
une
carte
géographique.
Trajet
marqué
par
un
fuck
you
qu’il
avait
écrit
pour
se
soulager
de
son
mal
de
vivre.
Le
f
se
trouvant
quelque
part
dans
l’Ouest
canadien
et
le
u,
situé
en
particulier
entre
Maniwaki
et
la
Baie
James,
où
il
se
rend
pour
chasser.
Road
novel
qui
s’effectue
au
rythme
de
la
musique
de
Cohen
et
de
réminiscences
littéraires.
Cette
course
calme
sa
conscience
devant
le
combat
de
la
vie
qu’on
ne
peut
livrer
sans
aimer.
Aimer
une
femme
«
comme
une
prière
qui
se
serait
réalisée.
».
Aimer
pour
ne
pas
se
sentir
comme
le
fruit
d’un
continent
corrompu.
En
somme,
sans
palliatifs
comme
les
religions,
ce
héros
à
moitié
autochtone
veut
se
construire
un
pont
entre
son
monde
intérieur
et
son
américanité.
Pas
l’Amérique
de
Joe
Dassin
avec
«
tous
les
sifflets
des
trains,
toutes
les
sirènes
des
bateaux
»
qui
chantent
«
la
chanson
de
l’Eldorado
».
Son
discours
lyrique
est
frappé
à
l’effigie
de
la
testostérone.
Sans
la
puissance
évocatrice
d’une
langue
crue
et
d’une
écriture
vive,
le
roman
serait
un
buffet
présenté
sans
liens
entre
les
mets.
Mais
il
gagne
en
crédibilité
avec
la
révolte
authentique
d’un
homme
conscientisé,
qui
développe
sa
résilience
en
dépit
de
la
mort
parce
qu’il
a
entrevu
la
beauté
du
monde
à
travers
une
toile
de
Titien.
|