Tremblay,
Lise.
La
Héronnière.
Éd.
Leméac,
2003,
109
p.
La
Chasse
aux
outardes
Les
villages
du
Québec
se
vident
de
leurs
forces
vives.
Il
ne
reste
personne
pour
assurer
la
relève
des
paysans
qui,
naguère
encore,
étaient
fiers
de
leurs
fermes,
mais
dont
la
rentabilité
est
devenue
bien
aléatoire
dans
un
contexte
de
mondialisation.
Le
départ
des
jeunes
vers
les
grands
centres
urbains
a
détruit
le
tissu
social.
Comme
l'ennui
s'est
installé,
seuls
les
vieux
et
les
baby-boomers
nouvellement
retraités
habitent
ces
villages
fantômes.
Pour
ces
derniers,
c'est
le
mouvement
inverse
qui
s'est
produit.
Ils
ont
quitté
la
ville
pour
s'établir
à
la
campagne,
où
la
force
du
nombre
oblige
les
villageois
restants
à
modeler
leur
vie
sur
celle
de
ces
touristes
permanents.
Lise
Tremblay
présente
cette
situation
en
quelques
nouvelles,
toutes
reliées
à
un
village
transformé
en
cimetière
vivant.
Seule
la
chasse
aux
outardes,
maintenant
appelés
bernaches
du
Canada,
ressuscite
quelques
âmes
asservies
à
la
manne
apportée
par
cette
activité
sportive,
qui
ne
dure
que
deux
maigres
semaines
en
automne.
L'auteure
brosse
un
tableau
de
ces
royaumes,
dont
l'attrait
principal
est
passé
de
l'église
paroissiale
à
la
pourvoirie
créée
pour
faciliter
le
séjour
des
amants
des
oiseaux
venus
pour
les
abattre.
Après
leur
départ,
la
vie
reprend
son
cours
comme
un
long
fleuve
tranquille,
empressé
de
receler
sous
ses
eaux
les
bavures
commises
par
ces
chasseurs
dans
l'âme,
qui
ont
profité
aussi
de
leur
passage
pour
suivre
la
trace
de
toutes
les
Bovarys.
Plus
d'une
est
devenue
la
proie
de
ces
prédateurs
invétérés.
Les
maris
ne
se
formalisent
pas
trop
de
cette
chasse
amoureuse
pratiquée
dans
les
petits
villages,
où
la
promiscuité
exige
la
discrétion
la
plus
totale
pour
protéger
un
tant
soit
peu
sa
vie
privée.
Les
plus
jeunes
se
révoltent
parfois
contre
cette
situation.
Pour
se
venger,
ils
criblent
de
balles
les
espèces
protégées
comme
le
grand
héron,
oiseau
qui
envahit
les
marais
bordant
les
cours
d'eau.
Ou
encore,
quand
l'exaspération
est
à
son
comble,
ils
se
transforment
en
tueurs
pour
éliminer
les
chasseurs
de
cœurs
en
peine,
surtout
quand
il
s'agit
de
celui
de
leur
mère.
Quand
la
vie
sociale
est
tissée
uniquement
autour
des
besoins
de
quelques
privilégiés,
soit
les
chasseurs
et
les
retraités
fortunés,
la
violence
meurtrière
devient
l'arme
favorite
pour
exprimer
son
mécontentement.
Ce
recueil
de
nouvelles
ressemble
à
un
roman.
Ceux
qui
n'aiment
pas
le
genre
à
cause
de
sa
disparité
pourront
quand
même
apprécier
La
Héronnière.
Lise
Tremblay
ne
traite
que
d'un
seul
sujet.
Il
s'agit
de
la
chasse
aux
outardes
dans
les
villages
du
Québec.
Avec
une
plume
efficace
et
dépouillée,
l'auteure
a
voulu
souligner
les
malaises
engendrés
par
la
dévitalisation
des
petites
agglomérations
soumises
à
des
activités
économiques
de
courte
durée.
Malheureusement,
son
œuvre
lui
a
attiré
la
malveillance
de
la
population
au
point
de
devoir
quitter
l'île
où
elle
habitait.
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