Tremblay,
Alain-Ulysse.
La
Langue
de
Stanley
dans
le
vinaigre.
Éd.
La
Courte
Échelle,
2003,
184
p.
Les
Travailleurs
de
rue
aux
prises
avec
les
Hell's
En
lisant
le
roman
de
cet
auteur
d'origine
acadienne,
les
vieux
Québécois
se
rappelleront
que
trônaient
sur
le
comptoir
des
tavernes,
hauts
lieux
de
la
culture
masculine
interdits
aux
femmes,
des
pots
de
langue
de
porc
dans
le
vinaigre
ainsi
que
des
oeufs
cuits
durs.
C'est
à
cette
icône
que
s'accroche
le
destin
de
Stanley
Cockburn,
un
Montréalais
d'origine
gaspésienne,
devenu
portier
d'un
bar
de
strip-teaseuses,
grâce
à
sa
sympathie
pour
les
Hell's
Angels.
Ses
frasques
commises
au
Nouveau-Brunswick
l'ont
amené
à
se
tailler
une
carrière
prometteuse
au
sein
d'un
gang
criminel
oeuvrant
dans
Hochelaga-Maisonneuve,
un
quartier
glauque
fréquenté
en
particulier
par
les
paumés,
les
toxicomanes,
les
prostituées,
les
petits
revendeurs
de
cam...
Bref,
les
exclus
de
la
société.
Pour
les
protéger,
le
DESP
(département
d'état
à
la
santé
publique)
a
délégué
deux
travailleurs
de
rue,
Richard
Hovington
et
Jennifer
Marchand,
qui
leur
fournissent
des
condoms
et
des
seringues
stérilisées,
et
qui
les
renseignent
sur
les
services
à
leur
disposition
tels
que
le
CLSC,
la
clinique
d'avortement,
le
centre
pour
les
femmes
battues...
Leur
fonction
entre
souvent
en
conflit
avec
le
travail
répressif
des
policiers
qui
quadrillent
l'arrondissement,
comprenant
des
arrêts
au
Dunkin
Donuts,
restaurant
de
prédilection
des
"
bœufs
",
mais
aussi
lieu
de
rencontres
important
pour
tous
genres
de
trafics
illicites.
Richard
et
Jennifer
cueilleront
les
artefacts
qui
composent
ce
quartier
en
fréquentant
eux
aussi
cet
établissement
de
la
rue
Sainte-4
(Catherine)
ainsi
que
d'autres
points
stratégiques
comme
les
parcs,
les
bars
et
le
PEC
(centre
communautaire),
animé
le
samedi
par
des
spectacles
de
musique
western.
Le
travail
de
ces
deux
intervenants
sociaux
sert
à
l'auteur
pour
dresser
l'esquisse
d'un
milieu
défavorisé
que
les
consommateurs
de
sexe
exploitent
honteusement
ainsi
que
les
membres
des
Hell's
:
l'argent
des
uns
servant
à
payer
le
produit
des
autres.
L'intrigue
musse
en
fait
une
blessure
ancienne
que
le
héros
tente
de
guérir
en
s'impliquant
dans
les
services
sociaux.
C'est
le
moyen
choisi
pour
se
venger
d'une
offense
trop
grave
pour
ne
pas
être
réparée
par
une
effusion
de
sang.
L'œuvre
se
présente
en
deux
volets
qui
alternent
:
le
premier
déboulonne
le
mécanisme
utilisé
au
niveau
de
la
rue
pour
asservir
la
jeunesse
frappée
par
la
pauvreté.
Le
second
est
consacré
à
l'enquête
menée
par
Kumiko
Fugimori
sur
la
mort
de
Stanley
Cockburn
que
l'on
apprend
en
entrée
de
jeu.
La
trame
est
suffisamment
tricotée
serrée
pour
que
ses
composantes
s'imbriquent
dans
un
dénouement
commun
qui
laisse
voir,
à
la
manière
de
Jean-Jacques
Pelletier,
comment
le
monde
de
la
criminalité
infiltre
le
pouvoir
policier
et
politique.
La
Langue
de
Stanley
dans
le
vinaigre
est
très
iconographique.
Mais
ça
reste
un
surfaçage
de
la
problématique
vécue
dans
Hochelaga-Maisonneuve.
Par
contre,
comme
initiation
au
mode
d'opération
des
gangs
criminels,
c'est
très
intéressant.
L'écriture
ne
confère
pas
un
cachet
particulier
au
roman.
C'est
écrit
honnêtement,
parfois
inspiré
de
l'oralité
afin
de
traduire
l'originalité
du
milieu.
Bref,
c'est
une
oeuvre
satisfaisante
malgré
ses
faiblesses.
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