Teboul,
Victor.
La
Lente
Découverte
de
l'étrangeté.
Éd.
Les
Intouchables,
2002,
177
p.
Un
juif
de
dix
ans
en
quête
d'identité
Victor
Teboul
est
né
à
Alexandrie
en
1945.
Dans
son
dernier
roman,
il
raconte
les
pérégrinations
de
sa
famille,
qui
a
finalement
abouti
à
Montréal
en
1963.
L'auteur
y
développe
le
thème
de
l'exil
à
travers
le
vécu
de
Maurice
Ben
Haïm,
un
petit
juif
de
dix
ans,
incapable
de
s'enraciner
à
cause
des
aléas
politiques
qui
ont
caractérisé
la
décennie
des
années
1950.
Né
à
Misraïms
(Égypte
en
hébreu),
le
héros
mène
une
vie
heureuse
entre
une
mère
grecque
et
un
père
tunisien,
devenu
le
roi
du
cellophane
au
pays
des
pharaons.
Considérés
comme
des
étrangers
même
s'ils
sont
établis
à
Alexandrie
depuis
deux
générations,
ces
juifs
sont
obligés
de
quitter
leur
ville
alors
qu'éclate
la
crise
du
canal
de
Suez
en
1956.
C'est
le
départ
obligé
vers
la
France,
d'où
le
père
réorganise
la
vie
des
siens
en
les
emmenant
à
Beyrouth.
Quand
la
guigne
court
après
quelqu'un,
elle
le
rejoint
où
qu'il
soit.
La
guerre
du
Liban
repousse
la
famille
de
nouveau
vers
la
France,
qui
ferme
cette
fois-ci
sa
frontière
aux
détenteurs
de
passeport
de
la
Tunisie,
ennemie
à
l'époque
du
coq
gaulois.
Ils
retraversent
la
Méditerranée
pour
débarquer
sur
une
terre
ancestrale
qui
leur
est
inconnue.
C'est
ainsi
qu'on
subit
les
dommages
collatéraux
issus
de
conflits
meurtriers
à
propos
d'un
passage
maritime
et
d'une
appartenance
religieuse.
Perturbé
par
cette
conjoncture,
Maurice
ne
peut
repérer
les
balises
capables
de
délimiter
son
sentier.
Le
"
qui
suis-je
"
est
une
question
capitale
à
l'âge
de
la
différence
qui
amène
les
pubères
à
se
définir.
Cet
"
afrit
"
(ce
petit
diable)
doit
se
trouver
une
identité
nationale,
distinguer
la
spécificité
de
sa
religion
au
contact
des
musulmans
et
des
chrétiens,
affronter
en
plus
les
métamorphoses
afférentes
à
son
âge.
On
ne
passe
pas
de
l'enfance
à
l'adolescence
sans
que
la
sexualité
devienne
une
préoccupation
angoissante.
Ya
Rab!
Mon
Dieu,
que
la
vie
est
difficile!
Elle
l'est
d'autant
plus
du
fait
que
son
père
n'éprouve
pas
de
problèmes
d'adaptation.
Le
jeune
héros
aimerait
bien
le
voir
réagir
violemment
contre
l'humiliation
subie
par
sa
famille.
Au
contraire,
il
jette
facilement
le
voile
sur
les
offenses,
comme
le
prescrit
un
proverbe
juif.
La
relation
filiale
est
ainsi
entachée
par
cette
indifférence
paternelle
devant
ce
qu'il
vit.
Ce
n'est
qu'en
1990
que
Maurice
exigera
de
son
père
les
motifs
de
sa
conduite
lors
de
leurs
pérégrinations.
Les
justifications
obtenues
forment
des
chapitres
qui
s'entrecroisent
avec
ceux
du
récit
afin
d'éclairer
chacun
des
déplacements.
Le
roman
se
présente
donc
comme
un
balancier
qui
oscille
dans
le
temps.
Avec
une
plume
dépouillée
et
efficace,
Victor
Teboul
trace
le
portrait
d'une
victime
des
enjeux
politiques
comme
l'a
fait
Wajdi
Mouawad
d'un
petit
arabe
dans
Visage
retrouvé.
Lors
des
conflits,
on
ne
parle
jamais
des
conséquences
sur
les
jeunes
en
voie
de
devenir
adulte.
Leur
évolution
est
suspendue.
Ya
hasra!
Que
c'est
dommage!
Le
petit
juif
du
roman
est
placé
dans
un
dilemme
inextricable.
En
somme,
c'est
un
apatride
polyglotte.
Ce
n'est
que
lentement
qu'il
découvre
son
"
étrangeté
".
Il
parvient
finalement
à
se
définir
comme
un
francophone
sans
terreau.
On
comprend
que,
rendu
au
Québec,
il
se
prononce
en
faveur
de
l'indépendance
de
sa
terre
d'adoption
pour
se
donner
un
pays
qui
répond
à
son
choix
linguistique
alors
que
son
père
joue
au
trictrac
avec
des
amis
musulmans
dans
les
aires
de
repos
d'un
grand
centre
commercial.
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