Vézina,
Michel
La
Machine
à
orgueil.
Éd.
Québec
Amérique,
2008,
212
p.
Vivre
sa
vie
Jean-Pierre
Pelletier,
alias
Djipi,
a
sauvé
un
enfant
de
la
mort.
En
guise
de
reconnaissance,
le
père
a
appris
au
héros
l'art
du
boniment
pour
attirer
les
naïfs
vers
sa
machine
à
orgueil.
Appareil
actionné
à
coups
de
massue
afin
de
propulser
un
poids
vers
une
sonnerie.
Atteindre
la
cible
trois
fois
en
trois
coups
d'un
dollar
chacun
donne
droit
à
un
"ti
tetou"
de
97
cents.
L'orgueil
bat
son
plein
quand
il
s'agit
de
s'attirer
l'admiration
de
la
galerie.
Avec
ce
jeu
de
foire,
le
forain
encaisse
suffisamment
d'argent
pour
faire
réparer
son
vieux
truck
à
lait
déglingué
qui
lui
sert
d'habitation
et
pour
se
patenter
un
système
de
sons
qui
fonctionne
à
l'énergie
solaire.
Djipi
appartient
à
la
lignée
des
patenteux
du
Lac
Mégantic
avec
laquelle
il
renoue
grâce
à
cet
engin
abandonné
dans
un
hangar
de
la
ferme
familiale
dont
il
est
l'héritier.
Au
lieu
de
servir
son
esprit
iconoclaste,
il
assume
sa
filiation
en
perpétuant
la
tradition
de
son
grand-père.
La
découverte
de
la
machine
à
orgueil
tombe
à
point.
Il
était
venu
dans
ce
bled
pour
mettre
un
terme
à
sa
vie
aux
lendemains
du
suicide
de
Mado,
dont
il
se
sent
responsable
pour
s'être
montré
trop
niaiseux
pour
lui
avouer
son
amour,
comme
l'exprimait
Matthieu
Simard
dans
Échecs
amoureux.
Cet
outsider
épris
de
musique,
qui
ne
sait
que
jeter
de
la
poudre
aux
yeux,
voire
la
sniffer,
se
rééduque
à
l'aube
de
ses
40
ans
grâce
à
Robert
Manseau,
un
ami
d'enfance.
Fini
le
borderline
qui
l'a
trimbalé
de
Sherbrooke
en
Suisse
via
la
Colombie
!
Contrairement
au
héros
de
On
The
Road
de
Jack
Kirouac,
il
abandonne
sa
quête
de
l'ailleurs
comme
solution
à
son
problème
existentiel.
À
travers
une
franche
camaraderie
dans
le
calme
de
la
nature
des
Appalaches,
Manseau
lui
enseigne
que
l'union
fait
la
force,
en
roulant
des
joints
avec
du
bon
stock
qu'il
cultive
dans
ses
champs.
L'orgueil
a
empêché
Djipi
d'entendre
cette
maxime
à
cause
de
la
sarabande
qui
remplissait
le
vide
de
son
existence.
Comme
Saint-Denys
Garneau,
il
découvre
qu'il
a
toujours
marché
à
côté
d'une
joie
qui
n'est
pas
à
lui,
qu'il
a
toujours
mis
ses
pieds
dans
des
pas
qui
ne
sont
pas
les
siens.
Bref,
son
narcissisme
l'a
amené
à
vivre
par
procuration
en
se
donnant
un
air
de
punk.
Dans
une
langue
urbaine
qui
cadre
bien
avec
les
sentiments
au
masculin,
la
poésie
parvient
à
se
tracer
un
chemin
jusqu'au
cœur
de
la
virilité.
Dorénavant,
la
fuite
de
soi-même
cédera
la
place
aux
départs
constructeurs.
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