Turcotte,
Élise
La
Maison
étrangère.
Éd.
Leméac,
2002,
222
p.
Le
Corps,
expression
de
soi
Sans
être
un
conte
pour
adulte,
on
retrouve
dans
La
Maison
étrangère,
l'univers
de
La
Sirène
des
bois
d'Andersen.
D'ailleurs,
la
première
partie
du
roman
d'Élise
Turcotte
porte
comme
titre
celui
de
l'œuvre
de
l'auteur
danois.
Les
deux
héroïnes
cherchent
leur
place
dans
un
monde
auquel
il
faut
s'attacher
avec
toute
son
humanité,
soit
avec
son
corps
et
son
âme,
la
dernière
y
arrivant
par
le
premier.
Élisabeth,
l'héroïne
du
roman,
est
une
médiéviste
imprégnée
de
la
pensée
du
Moyen
Âge.
Elle
ne
peut
concevoir
le
monde
sans
que
s'établissent
des
correspondances
symboliques
qui
en
facilitent
l'accès.
Les
découvrir,
c'est
non
seulement
sentir
que
l'on
y
appartient,
mais
c'est
aussi
accéder
à
sa
propre
identité.
Nul
n'est
une
île,
la
solitude
est
l'adversaire
à
abattre
pour
comprendre
cet
univers,
dont
les
enluminures
mises
en
relief
sont
autant
d'invites
pour
s'y
glisser
avec
son
individualité.
C'est
à
la
suite
d'un
échec
amoureux
que
l'héroïne
"
cherche
le
vent
",
comme
dirait
Guillaume
Vigneault,
pour
que
sa
vie
ne
devienne
pas
"
un
carnet
de
naufrage
".
Les
deux
auteurs
traitent
de
la
même
dynamique
en
fait.
Pour
trouver
le
vent
qui
souffle
dans
les
voiles,
il
faut
se
débarrasser
de
ses
oripeaux
pour
en
revêtir
de
nouveaux.
La
transition
est
douloureuse
parce
que
l'on
se
sent
comme
dans
une
maison
étrangère.
Laisser
tomber
les
masques
qui
nous
identifient
pour
découvrir
sa
véritable
identité
demande
un
courage
que
peut
soutenir
l'exemple
des
animaux.
Par
ses
oeuvres,
son
amant
Jim,
un
photographe
animalier,
lui
fournit
l'occasion
de
trouver
les
ressemblances
qui
nous
tiennent
à
la
vie.
C'est
par
l'enveloppe
charnelle
que
l'on
appartient
à
son
univers.
Les
animaux
en
ont
une
qui
facilite
leur
intégration
à
leur
milieu
ambiant
comme
nous
avons
la
nôtre
qui
peut
jouer
le
même
rôle.
Élisabeth
s'interroge
sur
l'importance
de
son
corps.
Elle
se
demande
ce
qu'il
est
en
train
de
lui
dire,
s'il
porte
en
lui
"
les
ténèbres
de
ce
monde
".
C'est
Hildegarde
de
Bingen,
qui
donne
la
réponse
à
ses
questions.
Le
corps
permet
une
meilleure
connaissance
de
soi.
Il
est
en
quelque
sorte
la
bible
du
monde.
Le
Moyen
Âge
l'a
découvert.
Par
la
suite,
on
s'est
empressé
de
le
cacher
comme
l'indiquent
les
nombreuses
feuilles
de
vigne
ajoutées
aux
tableaux
de
l'époque.
L'héroïne
se
débarrasse
de
cet
élément
importé
pour
mieux
se
connaître.
Elle
jauge
sa
véritable
mesure
au
contact
du
corps
d'autrui.
S'il
peut
mener
au
septième
ciel,
il
peut
bien
mener
à
la
route
de
notre
demeure.
Et
l'adresse
serait
celle
de
l'amour.
En
ce
sens,
ce
roman
est
une
belle
illustration
de
l'univers
médiéval.
La
difficulté,
telle
que
l'a
expérimentée
l'héroïne
d'Esther
Croft
dans
De
belles
paroles,
c'est
d'atteindre
l'autre
qui
nous
révèle.
Élisabeth
y
arrive
péniblement.
Elle
découvre
son
père
et
sa
mère,
ses
amants,
l'un
de
ses
étudiants,
la
bibliothécaire
qui
lui
prête
les
gants
obligatoires
pour
consulter
les
oeuvres
anciennes
dont
elle
s'inspire
pour
préparer
un
ouvrage
sur
le
livre
des
heures,
genre
courant
au
Moyen
Âge.
Elle
comprend
finalement
que
la
devise
de
Socrate,
le
"
gnôthi
seauton
",
passe
par
un
autrui
incarné.
Cette
découverte
de
l'importance
des
relations
humaines
favorise
sa
sortie
des
limbes.
Ceux
qui
aiment
les
romans
d'introspection
apprécieront
cette
oeuvre
simple
somme
toute.
Ce
n'est
pas
un
regard
narcissique
sur
soi-même,
mais
une
quête
existentielle
à
travers
l'imaginaire
d'une
adulte,
qui
comme
le
petit
Poucet
sème
des
cailloux
sur
son
chemin
pour
ne
pas
se
perdre.
Ce
magnifique
roman
nous
fait
réaliser
que
les
frontières
de
l'âge
ne
sont
pas
si
larges.
Tous
ont
besoin
d'aimer
et
d'être
aimés.
Et
ce
qui
ne
gâte
pas
la
sauce,
c'est
que
l'écriture
se
déploie
avec
une
grâce
poétique
qui
confère
à
l'œuvre
la
magie
des
contes
pour
enfants.
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