Trudel,
Sylvain.
La
Mer
de
la
Tranquillité
.
Éd.
Les
Allusifs,
2006,
185
p.
La
Mort
de
Dieu
L'Église
a
hérité
de
la
mission
du
Christ,
mais
il
faudrait
reconnaître,
selon
Sylvain
Trudel,
qu'elle
a
lamentablement
failli
à
la
tâche.
Comment
se
fait-il
que
l'existence
humaine
pose
de
plus
en
plus
de
questions
à
ceux
qui
vivent
dans
un
espace
marqué
par
deux
mille
ans
de
christianisme?
A-t-on
tu
l'essentiel
pour
que
tant
de
détresse
se
profile
à
l'horizon?
En
fait,
Sylvain
Trudel
noue
avec
la
philosophie
en
amenant
sur
la
place
publique
la
dynamique
chrétienne
vue
à
travers
un
Occident
qui
désespère
de
son
Créateur.
Les
bigotes
de
Jacques
Brel
crieront
au
discours
blasphématoire,
mais
saint
Augustin
manifesterait
plus
de
charité
envers
ces
âmes
en
quête
d'absolu.
De
tout
temps,
l'existence
de
Dieu
a
achoppé
sur
l'entendement
humain.
Sergio
Kokis
en
a
fait
le
sujet
de
son
Maître
de
jeu,
et
Jean
Bédard
a
présenté,
dans
Maître
Eckhart
et
dans
Nicolas
de
Cues,
les
déviances
qui
ont
dénaturé
le
visage
de
Dieu.
L'orgueilleuse
Église
devrait
se
sentir
davantage
interpeller
par
le
désespoir
de
ses
commettants.
Chacun
des
personnages
du
recueil
de
nouvelles
est
en
train
de
sombrer
dans
son
"
vaisseau
négrier
"
à
l'instar
de
celui
d'Émile
Nelligan.
On
ne
répond
pas
aux
SOS,
à
l'exception
de
quelques
croyants
qui
se
donnent
bonne
conscience
en
s'enguirlandant
les
mains
d'un
chapelet
au
lieu
de
les
ouvrir
vers
autrui.
La
voix
divine
est
étouffée
par
cette
quincaillerie
d'objets
de
piété.
Faute
d'être
alimentée,
la
foi
se
cherche
parfois
une
source
chez
les
charlatans
de
l'au-delà
ou
se
transforme
en
canard
lunaire
sur
la
mer
de
la
Tranquillité.
Cette
œuvre,
annonciatrice
de
la
mort
du
Créateur,
ne
peut
être
perçue
comme
des
calembredaines,
étant
donné
le
nombre
de
suicides,
de
meurtres,
de
viols
et
de
maladies
transmises
sexuellement.
Avec
une
violence
stylistique
inouïe,
l'auteur
vomit,
comme
saint
Marc,
les
tièdes
paralysés
par
des
valeurs
toutes
terrestres.
Cet
excellent
portrait
misanthropique,
à
l'image
des
purs
et
durs,
rejoint
ceux
de
Marie-Hélène
Poitras
dans
La
Mort
de
Mignonne
et
de
Dominic
Séguin
dans
Nous
avons
rendu
les
vaches
folles.
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