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Poitras,
Marie-Hélène.
La
Mort
de
Mignonne.
Éd.
Triptyque,
2005,
169
p.
Des
animaux
et
des
hommes
Le
passage
biblique
d'Adam
et
Ève
nous
a
fait
connaître
la
perte
du
paradis.
Au
cours
des
siècles,
les
romanciers
se
sont
évertués
à
nous
le
rappeler.
Marie-Hélène
Poitras
s'inscrit
dans
cette
lignée
en
illustrant
comment
la
chute
paradisiaque
se
traduit
au
quotidien.
Si
le
premier
couple
humain
a
inventé
le
g-string
avec
une
feuille
de
vigne,
l'un
des
personnages
du
recueil
de
nouvelles
l'a
abandonné
sur
un
parcomètre
de
Montréal.
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Voulait-elle
s'affranchir
des
conséquences
du
péché
originel?
L'histoire
ne
le
dit
pas,
mais,
à
travers
cette
œuvre,
nous
sentons
notre
incapacité
à
nous
réapproprier
le
jardin
d'Éden.
Chacun
réalise
son
impuissance
à
sauver
sa
virginité
au
sens
élargi
du
thème.
La
vie
corrompt,
comme
l'a
déjà
écrit
Jean-Jacques
Rousseau.
Le
mensonge
et
la
sexualisation
créent
une
atmosphère
malsaine
qui
contribue
à
la
perdition
de
l'humanité.
Cette
vision
prométhéenne
du
monde
est
associée
à
des
images
fortes,
qui
s'appliquent
également
au
règne
animal
comme
l'illustre
le
cachalot
trouvé
près
des
berges
de
la
rivière
Bleue
pour
ne
pas
dire
Brune.
À
la
menace
d'extinction
des
espèces
s'ajoute
le
désespoir
des
humains
qui
envisagent
de
plus
en
plus
la
mort
comme
solution
à
l'instar
du
cheval
venu
mourir
sur
un
terrain
de
base-ball
abandonné
de
l'est
de
Montréal,
où,
naguère,
les
dieux
du
stade
alimentaient
tous
les
espoirs.
Avec
une
langue
châtiée,
mais
conventionnelle,
l'auteure
de
trente
ans
dresse
le
bilan
de
sa
perception
du
monde
à
laquelle
l'a
conduite
le
premier
tiers
de
sa
vie.
Comme
Nelly
Arcan,
elle
déplore
la
défloraison
des
idéaux.
Les
deux
écrivaines
ne
lèvent
pas
les
yeux
au
ciel
pour
se
consoler.
Marie-Hélène
Poitras
a
troqué
les
prières
pour
les
chansons
de
ses
interprètes
favoris,
les
nouveaux
saints
qui
s'occupent
davantage
de
leur
succès
que
de
servir
de
modèles
à
leurs
pairs.
Même
si
la
verticalité
est
absente
du
recueil,
c'est
quand
même
un
beau
Requiem
profane.
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