Frenette,
Christiane.
La
Nuit
entière.
Éd.
du
Boréal,
2000,
183
p.
Le
Besoin
d'autrui
Il
semble
difficile
de
se
créer
des
amitiés.
C'est
le
cas
pour
l'héroïne
de
ce
roman,
qui
souffre
d'un
manque
d'entregent.
Elle
espère
y
remédier
en
s'inspirant
d'une
compagne
de
classe,
qui
se
distingue
justement
par
cette
qualité.
Et
quand
elle
y
parvient,
rien
n'est
encore
sûr,
car
"
la
fidélité
est
une
terre
usurpée
",
comme
le
dit
René
Char,
qui
semble
présider
à
l'écriture
de
ce
roman
de
Christiane
Frenette.
L'auteure
tente
de
démontrer
que
nul
n'est
une
île.
Tous
ont
besoin
d'autrui,
mais
les
rapprochements
se
concluent
souvent
par
une
dissolution,
qui
rend
la
solitude
encore
pire.
On
entre
dans
le
vif
du
sujet
après
une
amorce
qui
s'attarde
trop
longuement
sur
les
relations
de
Jeanne,
l'héroïne,
avec
sa
camarade
de
classe.
Le
roman
s'embraye
quand
elle
rencontre
Gabrielle
par
hasard
dans
une
rue
de
Montréal,
une
ancienne
amie,
devenue
dépressive
et
infirme
à
la
suite
d'un
accident.
Cette
dernière
profite
de
l'occasion
pour
inviter
Jeanne
chez
elle,
dans
un
village
perdu
des
Appalaches,
une
chaîne
de
montagnes
qui
sépare
le
Québec
des
États-Unis.
Elle
accepte
l'invitation
et
s'y
rend
pour
un
week-end.
Sa
visite
remonte
tellement
le
moral
de
Gabrielle
que
ses
parents
lui
demandent
de
prolonger
son
séjour.
Elle
acquiesce
à
leur
désir,
décrochant
par
surcroît
un
emploi
à
la
boulangerie
du
village.
Des
atomes
crochus
nés
de
leurs
intérêts
culturels
font
en
sorte
qu'elle
devient
la
confidente
de
cet
homme,
porteur
d'un
lourd
secret
qui
l'isole
des
autres.
Gabrielle
a
aussi
un
frère
vétérinaire,
pétri
de
vengeance
à
la
suite
de
l'accident
de
sa
sœur.
Un
autre
être
enfermé
dans
sa
bulle,
dont
Jeanne
tentera
de
le
sortir
en
lui
offrant
son
amour.
Elle
apprendra
à
ses
dépens
que
le
métier
de
sauveur
n'est
pas
très
gratifiant.
Au
contraire,
ce
bénévolat
humanitaire
se
retourne
souvent
contre
celui
qui
l'exerce.
Un
soir,
assise
dans
la
véranda,
abandonnée
de
tous
ceux
qu'elle
a
aimés,
même
de
son
fils,
elle
voit
un
élan
quitter
la
forêt
et
s'étendre
une
nuit
entière
devant
elle,
avant
de
mourir
d'une
balle
tirée
par
un
chasseur,
qui
n'a
pas
suivi
sa
proie.
Cette
image
éloquente
montre
le
visage
de
la
solitude.
On
est
souvent
seuls
dans
la
vie
comme
dans
la
mort.
Jeanne,
blessée
et
isolée
au
milieu
des
siens,
tente
de
survivre
en
s'aidant
de
la
béquille
de
l'alcool.
S'étant
exilée
par
amour
d'autrui
dans
une
campagne
austère,
elle
apprend
la
prodigieuse
ingratitude
des
humains.
Autant
cherche-t-on
les
contacts
humains,
autant
on
s'en
lasse.
Et
les
généreux
donateurs
se
retrouvent
sur
le
carreau.
Avec
une
écriture
simple
et
belle,
l'auteure
raconte
une
histoire
austère
qui
s'harmonise
bien
au
décor
des
Appalaches.
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