Soucy,
Gaëtan.
La
Petite
Fille
qui
aimait
trop
les
allumettes.
Éd.
du
Boréal,
1998,
180
p.
Le
Salut
par
le
verbe
Le
Moyen-Âge
connaît
un
regain
de
popularité
auprès
du
lectorat.
Quiconque
écrit
un
roman
sur
le
sujet
est
presque
assuré
de
connaître
le
succès.
Romans
médiévaux,
romans
gothiques,
peu
importe
l'expression
employée,
ces
œuvres
inondent
les
présentoirs
des
librairies.
Certains
y
cherchent
le
côté
merveilleux
de
cette
époque
marquée
par
la
crédulité,
d'autres
y
trouvent
leur
compte
en
satisfaisant
leur
besoin
de
connaissances,
d'autres,
enfin,
tentent
de
pénétrer
la
philosophie
qui
a
pétri
les
âmes
assoiffées
de
transcendance.
En
exploitant
ce
dernier
aspect,
Gaëtan
Soucy
a
écrit
une
oeuvre
qui
outrepasse
le
premier
degré
de
lecture,
comme
c'est
le
cas
pour
La
Métamorphose
de
Kafka
ou
Les
Fables
de
La
Fontaine.
L'auteur
s'est
inspiré
de
l'esprit
d'une
époque
pour
transposer
ses
préoccupations
existentielles.
En
fait,
il
a
concocté
une
longue
nouvelle
allégorique
qui
plonge
les
protagonistes
dans
un
univers
primaire
où
un
veuf
s'isole
dans
son
domaine
à
la
suite
de
la
mort
de
sa
femme.
Incapable
d'en
assumer
le
deuil,
il
sombre
dans
les
abysses
de
la
démence.
Ses
enfants,
laissés
à
eux-mêmes,
sont
obligés
de
se
donner
une
éducation
pour
apprivoiser
le
monde
à
partir
des
rares
livres
qui
traînent
dans
le
manoir.
La
situation
s'aggrave
quand
ils
trouvent
leur
père
pendu.
C'est
le
canevas
sur
lequel
Gaëtan
Soucy
brode
un
monde
qui
n'appartient
qu'à
ceux
qui
ont
la
maîtrise
des
mots.
On
comprend
que,
comme
écrivain,
il
choisisse
ce
moyen
pour
assurer
la
rédemption
de
ses
héros.
En
somme,
la
question
qu'il
pose
est
simple
:
comment
assurer
le
salut
de
l'humanité?
L'auteur
peaufine
sa
réponse
en
calquant
la
philosophie
de
Spinoza.
Son
roman
véhicule
un
message
qui
prône
la
libération
par
la
connaissance
à
travers
la
servitude
de
deux
adolescents
soumis
à
leur
père,
mais
aussi
à
leur
ignorance.
Ils
doivent
tout
apprivoiser
de
l'existence.
La
mort
d'abord,
la
féminité
et
l'amour
ensuite.
Il
n'est
pas
facile
de
cheminer
vers
la
liberté.
Et
cheminer
vers
la
liberté,
c'est
aussi
s'ouvrir
aux
autres.
L'emballage
fort
original
de
cette
œuvre
profonde
cache
plein
de
surprises.
Dans
son
grimoire,
l'un
des
jeunes
confiera
le
quotidien
de
la
famille
avec
la
seule
lettre
L.
C'est
rempli
de
trouvailles
qui
font
sourire
ou
qui
émeuvent.
Malgré
la
gravité
du
sujet,
les
protagonistes
ont
une
tendance
à
la
béatitude
à
l'instar
du
philosophe
déjà
mentionné.
L'écriture
tout
imprégnée
de
l'esprit
d'un
temps
ancien
s'ajuste
adéquatement
à
l'âge
des
enfants.
Ceux
qui
sont
familiers
avec
l'écriture
de
Rutebeuf
et
le
Roman
de
Renart
apprécieront
les
expressions
de
Gaëtan
Soucy,
expressions
enrichies
de
québécismes.
Cette
œuvre
sublime
et
exigeante
comme
celles
de
William
Faulkner
peut
nous
faire
faire
des
grimaces.
Mais
l'auteur
nous
rassure
en
écrivant
que
l'"
on
ne
montre
pas
à
un
vieux
singe
à
faire
de
la
philosophie
".
|