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Laberge,
Andrée.
La
Rivière
du
loup.
Éd.
XYZ,
2006,
240
p.
Du
bonheur
en
cannette
pour
les
ados
Que
d'enfants
sont
victimes
de
la
bêtise
des
adultes!
Le
viol
d'adolescentes
est
même
devenu
une
stratégie
militaire
comme
l'a
prouvé
la
guerre
en
Bosnie.
Quel
prix
représente
le
monde
de
l'enfance?
Il
ne
vaut
pas
cher
si
l'on
se
fie
aux
abus
qui
s'y
commettent.
On
se
plaint
des
comportements
délinquants,
mais
laissons-nous
le
choix
à
nos
rejetons
d'en
adopter
un
autre?
Avec
ce
roman,
Andrée
Laberge
met
le
projecteur
sur
les
relations
déterminantes
entre
parents
et
enfants.
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L'auteure
s'intéresse
particulièrement
au
sort
de
trois
adolescents
de
quinze
ans,
deux
garçons
et
une
fille,
fréquentant
la
même
école
d'un
village
fictif.
Elle
a
choisi
des
jeunes,
représentatifs
de
milieux
différents,
qu'elle
affuble
de
surnoms
symboliques.
Le
tartarin
est
le
fils
d'un
médecin,
qui
comble
l'incurie
paternelle
par
des
fanfaronnades
à
l'instar
du
célèbre
héros
d'Alphonse
Daudet.
Euee
est
une
fille
bègue,
obligée
par
sa
mère
de
se
prostituer
pour
lui
payer
sa
came.
Et
Face
de
lune,
le
principal
protagoniste,
se
caractérise
par
son
amour
de
la
nature,
hérité
de
son
géniteur.
Le
jeune
héros
vit
retranché
sur
une
ferme
que
son
père
a
laissée
à
l'abandon
quand
son
amante,
une
prostituée,
l'a
quitté.
Son
départ
a
causé
la
perte
de
cet
homme
qui
s'est
replié
sur
lui-même
au
point
que
les
rôles
familiaux
se
sont
inversés.
Face
de
lune
est
devenu
le
gardien
d'un
être
qui
a
perdu
la
raison.
La
situation
ne
porte
pas
atteinte
à
son
amour
filial.
Bien
au
contraire.
Les
liens
du
sang,
qui
l'unissent
en
quelque
sorte
à
la
nature
par
l'origine
amérindienne
de
son
père,
lui
tracent
la
voie
à
suivre.
La
rivière
vient
sceller
son
attachement
à
un
homme
né
au
milieu
des
loups.
L'amont
garanti
un
aval
qui
ne
peut
se
tarir.
Magnifique
métaphore
que
le
jeune
tourne
en
légende
pour
distraire
son
père
quand
ce
dernier
ressent
des
pulsions
sexuelles
trop
fortes.
Heureux
d'être
reconnu
comme
un
digne
fils,
Face
de
lune
mène
une
existence
enrichissante
dans
un
environnement
censé
le
détruire,
contrairement
au
tartarin,
issu
de
la
classe
bourgeoise,
qui
mène
une
rébellion
contre
ses
parents,
trop
occupés
à
servir
autrui
à
ses
dépens.
Andrée
Laberge
trace
un
parallèle
éloquent
entre
l'éducation
de
ses
héros
en
quête
de
leur
personnalité
et
de
leur
sexualité.
Aux
yeux
des
adultes,
le
jeune
est
en
danger
s'il
ne
vit
pas
dans
une
famille
respectueuse
de
la
rectitude
sociale.
Pourtant
l'enfant
des
normes
adopte
un
comportement
délinquant
alors
que
le
garçon
et
la
fille
de
la
marginalité
manifestent
une
sociabilité
irréprochable.
La
travailleuse
sociale
de
l'école
juge
leurs
cas
en
fonction
de
critères
décrétés
par
des
spécialistes,
qui
ont
décidé
que
le
développement
de
l'enfant
ne
découlait
que
d'une
seule
source,
celle
alimentée
par
les
bien-pensants.
Le
roman
est
une
charge
contre
la
DPJ
(Direction
de
la
protection
de
la
jeunesse),
dont
la
politique
vise
le
cocon
sécuritaire
même
s'il
ne
garantit
que
du
bonheur
en
cannette.
Ce
roman
immensément
riche
a
mérité
à
son
auteure
le
Prix
du
Gouverneur
général
2006.
C'est
une
petite
perle
dans
notre
production
littéraire.
Une
perle
rare
pour
les
jeunes
qui
viennent
de
trouver
une
solide
alliée
en
la
personne
d'Andrée
Laberge.
C'est
avec
un
souffle
puissant
qu'elle
soutient
les
enfants
de
la
marge.
Elle
a
composé
un
chant
polyphonique
qui
autorise
à
tous
les
"
je
"
de
se
faire
entendre.
Leurs
paroles
sont
traînées
par
une
écriture
qui
ne
brime
pas
les
élans
du
cœur.
Phrases
longues
d'un
lyrisme
maîtrisé
pour
que
retentisse
la
véritable
"
mélodie
du
bonheur
"
.
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