Jobidon,
Gilles.
La
Route
des
petits
matins.
VLB
éditeur,
2003,
138
p.
L'Exil
d'un
Sino-Vietnamien
Après
la
victoire
d'Hô
Chi
Minh,
de
nombreux
Vietnamiens
du
Sud
ont
quitté
leur
pays
à
bord
de
bateaux
de
fortune.
Les
Boat
Peoples
ont
attiré
l'attention
mondiale,
dont
celle
des
Québécois
qui
en
ont
accueilli
quelques-uns.
Le
roman
de
Gilles
Jobidon
raconte
le
parcours
douloureux
de
l'un
d'eux.
Il
s'agit
d'un
Sino-Vietnamien
qui
a
fui
Cholon,
le
quartier
chinois
de
Saigon,
"
cette
vieille
putain
aux
dents
plaquées
or
",
via
le
Cambodge,
la
Thaïlande
et
l'Italie.
Comme
ses
parents
émigrés
de
Chine
en
1938
pour
fuir
l'invasion
japonaise,
le
jeune
héros
est
placé
devant
l'alternative
de
partir
ou
de
mourir.
Déjà
chassé
de
l'école
et
obligé,
depuis
la
mort
de
son
père,
de
vendre
du
thé
et
des
prunes
bleues
dans
la
clandestinité,
il
décide
de
quitter
les
siens.
Vidé
de
sa
substance
par
les
Rouges,
son
pays
est
devenu
une
terre
stérile,
d'autant
plus
stérile
que
Wou,
son
maître
à
penser,
se
retrouve
derrière
les
barreaux
d'une
prison
dorée.
Il
prend
donc
la
route
de
l'exil
qui
traverse
le
pays
des
Khmers
rouges,
"
une
machine
à
moudre
les
morts
".
Pour
se
protéger,
il
se
déguise
en
bonze
afin
d'atteindre
le
port
thaïlandais
désigné
par
le
passeur.
Même
sous
ses
auspices,
il
n'est
pas
à
l'abri
de
la
corruption
et
de
la
cupidité.
Et
l'arrivée
à
bon
port
n'est
pas
synonyme
de
victoire.
C'est
un
camp
de
réfugiés
immatriculés
qui
l'attend.
En
somme,
on
suit
son
voyage
hasardeux
pour
échapper
aux
représailles
d'un
régime
empressé
de
faire
sentir
son
pouvoir.
La
Route
des
petits
matins
comme
Le
Chemin
des
pierres
de
Ljubica
Milicevic
illustrent
avec
éloquence
les
dommages
collatéraux
des
guerres
idéologiques.
Sans
se
montrer
minimaliste,
l'auteur
court
droit
à
l'essentiel.
En
quelques
courts
chapitres,
parfois
d'une
longueur
de
moins
d'une
page,
il
s'attache
davantage
à
ce
que
son
héros
abandonne.
D'abord,
une
mère
et
des
sœurs,
dont
les
seuls
liens
tiendront
désormais
à
des
lettres
ou
à
des
photos,
un
maître
qui
l'a
initié
aux
valeurs
du
thé
et
surtout
sa
culture.
Éduqué
à
l'orientale,
il
devra
dorénavant
affronter
un
univers
entrevu
dans
les
magazines
occidentaux,
un
univers
rattaché
à
la
"
fleedom
",
prononciation
de
freedom
par
les
Asiatiques.
Avec
une
efficacité
incomparable,
l'auteur
rend
hommage
à
un
jeune
Sino-Vietnamien
qui
a
montré
une
détermination
à
toute
épreuve
pour
échapper
à
la
cure
d'extermination
des
supposés
indésirables.
Ce
combat
de
la
vie
contre
la
mort
se
présente
sous
une
forme
épistolaire.
L'écriture
témoigne
d'une
admiration
sans
bornes
pour
un
héros
que
l'on
suit
de
quatorze
à
vingt
ans.
Le
langage
poétique
respecte
même
la
manière
fleurie
du
haïku
pour
exprimer
toute
la
tendresse
et
le
respect
que
l'auteur
porte
à
quelqu'un
qui
a
refusé
"
les
soleils
enrhumés
qui
transforment
les
pagodes
en
porcheries
".
Il
ne
faut
pas
être
allergique
à
la
fumée
des
encensoirs
pour
apprécier
cette
œuvre
qui
dénote
l'entichement
d'un
homme
pour
un
jeune
Asiatique.
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