Paul-André Proulx

Littérature Québecoises

Dumontais, Sinclair.

La seconde vie de Clara Onyx. Éd. Septentrion, 2008, 179 p.

Retour dans le temps

La seconde vie de Clara Onyx est apparenté à The Curious Case of Benjamin Button écrit en 1921 par Francis Scott Fitzgerald. Ce dernier a narré tout simplement, dans une longue nouvelle, la vie d’un homme qui serait né à 70 ans et qui mourut bébé. Le roman de Sinclair Dumontais est beaucoup plus ambitieux. L’auteur essaie de décrire, à travers Clara Onyx, une chanteuse de renommée mondiale, les conséquences d’un recul du temps à la suite d’une collision survenue en 2010 entre la terre et un météorite.

Décédée en 1987, la vedette recouvre la vie après avoir été exhumée quelque temps avant le retour du jour de sa mort. Elle fut assassinée toute jeune par un fan fervent, incapable de partager son adulation avec tout le cirque du Gospel Next, une musique révolutionnaire à l’instar de celle du rock and roll des années 1950. Clara Onyx était l’alter ego féminin d’un Elvis Presley porté aux nues par des fanatiques stigmatisés, comme aujourd’hui, par les interprètes de la chanson populaire.

Que sera sa seconde vie ? Après un préambule qui couvre les trois quarts du roman, l’auteur amorce finalement le balbutiement d’une réponse décevante. Il soulève à peine les conséquences d’un processus d’annihilation, qui auraient pu être l’objet d’un magnifique roman de science-fiction. Au lieu de laisser présager de ce que serait une vie privée d’avenir par un retour à l’enfance qui empêche d’envisager les postulats d’une croissance satisfaisante, il envoie à nouveau son héroïne dans la mêlée, sans autres soucis que de renouer avec sa carrière.

Sans genre définissable, le roman se travestit plutôt en réponses à des questions. La facture respecte la progression dramatique en appelant en interview des interlocuteurs, qui cernent toujours davantage la personnalité de Clara Onyx. Le procédé devient lassant à la longue. Comme à son habitude, Sinclair Dumontais s’est attaqué avec superficialité à un principe fondateur de notre culture à travers une héroïne plus grande que nature. Il en résulte un roman plutôt ludique, qui est assez alerte à cause d’une écriture voisine de l’oralité, mais le traitement sent le réchauffé depuis La Machine à explorer le temps.