Paul-André Proulx

Littérature Québecoise

Doclin, Iléana.

L'Autruche céleste. Éd. Flammarion Québec, 2000, 221 p.

Divorcée, mère de deux ados

Étaler son vécu, que l'on doit sûrement embellir ou empirer pour faire ressortir son état de victime, semble devenu la voie de plusieurs écrivains pour s'offrir une thérapie. L'Autruche céleste se compte parmi ces œuvres qui sont des comptes rendus de la vie tumultueuse que mènent certaines mères abandonnées de leurs conjoints.

Il s'agit d'une femme divorcée qui vit avec ses deux enfants. Évidemment, ils ne manquent pas de lui compliquer l'existence avec leurs exigences. Ainsi ils transforment leur résidence en auberge espagnole, qui se remplit des amis des amis de ses enfants attirés par tout ce qui a les yeux bridés. À ce partage de la maison s'ajoutent les problèmes pécuniaires. Avant la séparation, l'ex-conjoint avait acheté une belle vieille maison de campagne, qui nécessitait un urgent besoin de rénovations. Il a quitté sa femme sans poste restante, lui laissant ce problème sur les bras : un toit qui coule, un perron qui perd ses marches... Et qui vit loin des grands centres, pense auto. Quand celle-ci menace de rendre l'âme, il faut bien lui administrer un soluté. Et l'argent ne tombe pas du ciel.

C'est assez pour devenir folle. L'héroïne, qui oeuvrait dans le domaine des communications, pourrait toujours s'en tirer avec des travaux à la pige. Mais perdue au loin, qui va combler ses besoins pécuniaires? Et les problèmes affectifs? À quoi bon porter dans les yeux une pancarte qui signale cette carence si l'employé de l'épicier ne sait pas lire? Il ne lui reste plus qu'à jouer à l'autruche pour garder son équilibre.

Ce n'est pas un chef-d'œuvre, mais ça traduit bien la vie de la femme seule aux prises avec l'éducation d'enfants modernes, qui exigent ce que la publicité recommande : des baskets à 200$ ou rien du tout, une petite culotte à 50$ et non celles des magasins d'escomptes à un dollar. L'auteure a su saisir son héroïne dans le vif de la vie. Elle raconte son histoire d'une plume alerte et souriante. Malgré tout, l'héroïne sait garder le cap dans les épreuves grâce à une amie avec qui elle communique par courrier électronique. Avec Ouf! de Denise Bombardier, nous avons deux bons portraits de mères devenues monoparentales.