Tremblay,
Michel
Le
Cahier
rouge.
Éd.
Leméac,
2004,
333
p.
Les
Travestis
Dans
L'Art
du
maquillage,
Sergio
Kokis
s'attaque
aux
faussaires
en
peinture.
Derrière
l'histoire
qu'il
raconte,
l'auteur
place
le
projecteur
sur
la
mystification
afin
de
montrer
que
l'homme
se
sent
nul
sans
le
masque
qui
cache
souvent
la
sécheresse
de
sa
vie.
Michel
Tremblay
reprend
le
sujet
dans
Le
Cahier
rouge,
un
roman
qui
décrit
la
dynamique
des
travestis.
Lors
de
l'Exposition
universelle
de
1967
tenue
à
Montréal,
Fine
Dumas
défie
les
lois
municipales
interdisant
toutes
activités
qui
pourraient
porter
atteinte
à
la
réputation
de
la
ville.
En
plein
cœur
d'un
quartier
chaud,
elle
ouvre
donc
Le
Boudoir,
un
bar
où
des
travestis
s'adonnent
au
plus
vieux
métier
du
monde.
C'est
Céline,
une
waitress
naine,
qui
sert
d'entremetteuse.
Dans
un
décor
des
plus
quétaine,
ces
guidounes
de
la
Main
se
drapent
dans
des
oripeaux
qui
évoquent
d'anciennes
vedettes.
Après
avoir
massacré
une
chanson
d'Édith
Piaf
ou
de
quelqu'une
d'autres,
ces
"
filles
"
se
retirent
au
fond
de
l'établissement
afin
d'assouvir
les
besoins
pressants
de
la
riche
clientèle
masculine.
Dans
un
cahier
rouge,
Céline
tient
l'éphéméride
du
bar.
Elle
raconte
les
"
légendes
"
vécues
par
ces
"
demoiselles
"
décalées
qui
appartiennent
à
"
la
plèbe
carnavalesque
de
la
Main
".
Les
voyeurs
seront
déçus
en
lisant
ce
roman.
Michel
Tremblay
ne
met
pas
en
exergue
la
"
mission
humanitaire
"
de
ses
héroïnes.
Il
dédie
son
œuvre
à
ses
amis
qui
se
travestissent
pour
sortir
d'un
quotidien
d'une
exaspérante
médiocrité.
On
sent
toute
l'empathie
de
l'auteur
envers
cette
faune
festive
qui
se
déguise
pour
dissimuler
les
blessures
profondes
laissées
par
des
rêves
brisées.
En
somme,
il
montre
l'écart,
qui
s'agrandit
avec
l'âge,
entre
un
déterminé
quelconque
et
un
indéterminé
qui
ne
s'est
jamais
articulé.
Et
chacun
pleure
finalement
l'artiste
qu'il
aurait
voulu
être.
À
travers
le
personnage
de
la
naine,
il
fait
passer
tout
son
empathie
pour
ces
hommes
et
toutes
ces
femmes
devant
qui
le
train
ne
s'est
pas
arrêté.
Il
n'adresse
pas
un
seul
reproche,
même
déguisé,
à
ces
travestis
qui
ont
choisi
de
compenser
leur
vie
ratée
par
le
divertissement,
soit-il
sexuel.
Si
le
roman
charrie
une
grande
humanité,
la
forme
est
décevante.
L'auteur
recourt
à
la
technique
du
journal,
qui
a
le
désavantage
de
désarticuler
le
contenu.
Céline
rapporte
les
événements
de
la
journée,
en
particulier
ceux
entourant
la
visite
presque
ratée
du
site
de
l'Exposition
universelle.
Il
y
a
des
longueurs,
et
peu
de
choses
nourrissent
ce
roman
sur
l'amitié.
Ça
ne
lève
pas
d'autant
plus
que
c'est
emballé
dans
une
écriture
qui
a
la
caractéristique
de
traduire
le
manque
de
correction
d'un
texte
écrit
au
fil
de
la
plume.
Heureusement,
la
fin
est
un
happy
end
qui
montre
qu'il
y
a
encore
de
l'espoir,
surtout
pour
la
petite
hôtesse
qui
s'est
découvert
un
don
pour
l'écriture.
On
est
loin
d'Un
habit
de
lumière
d'Anne
Hébert,
qui
souligne
mieux
les
désarrois
du
travesti.
Cependant
avec
Michel
Tremblay,
on
sent
un
investissement
personnel
auquel
sa
consœur
ne
s'est
pas
prêtée.
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