Quiviger,
Pascale.
Le
Cercle
parfait.
Éd.
L'Instant
même,
2003,
173
p.
Vision
dynamique
de
notre
existence
On
a
décerné
le
prix
du
Gouverneur
général
2004
à
Pascale
Quiviger
pour
Le
Cercle
parfait.
La
jeune
romancière
de
35
ans,
native
de
Montréal,
vit
en
Italie.
Elle
en
est
à
son
premier
roman,
mais
elle
a
déjà
fait
publier
en
2001
Ni
sols
ni
ciels,
un
recueil
de
nouvelles.
Sa
nouvelle
œuvre
s'inscrit
dans
le
créneau
très
occupé
des
ruptures
amoureuses.
À
l'instar
de
Nelly
Arcan
dans
Folle,
elle
procède
à
l'autopsie
de
l'échec
d'une
Québécoise
qui
aurait
voulu
se
revitaliser
en
se
donnant
corps
et
âme
à
un
Italien
résidant
dans
un
village
de
pêcheurs.
Muette
sur
les
prémisses
qui
ont
emmené
Marianne
en
Italie,
l'auteur
se
consacre
à
rapporter
une
relation
qui
s'est
terminée
en
queue
de
poisson.
Ce
n'est
pas
tellement
un
coup
de
foudre
qui
a
frappé
l'héroïne
qu'un
désir
de
se
sortir
d'une
vie
sans
horizons.
Laissant
famille
et
emploi,
Marianne
va
retrouver
Marco,
un
Italien
qu'elle
avait
connu
lors
d'un
voyage
précédent.
Avec
lui,
elle
veut
se
construire
une
vie
remplie
de
projets.
Ce
n'est
pas
la
femme
du
piétinement,
mais
celle
du
pas
qui
conduit
vers
la
quête
de
soi-même
et
des
autres.
L'univers
de
Marianne
ne
correspond
malheureusement
pas
à
celui
des
villageois
et
de
son
amoureux
en
particulier,
un
homme
qui
aime
vivre
dans
le
cercle
parfait
de
son
cocon.
Il
n'est
pas
homme
à
faire
surgir
un
devenir
meilleur,
mais
à
se
complaire
dans
une
routine,
qui,
en
répétant
inlassablement
le
geste,
assassine
la
parole.
Malgré
ce
contexte,
l'héroïne
s'évertue
à
attendre
que
Marco
s'investisse
davantage
pour
enrichir
leur
relation.
Mais
au
fil
des
jours,
elle
réalise
qu'elle
devient
l'ombre
de
cet
homme
intégré
au
gris
des
pierres
de
son
village.
Sa
patience
la
conduit
à
la
déprime.
Pour
lutter
contre
sa
perte,
elle
passe
de
l'attente
d'un
amour
vivifiant
au
geste
qui
va
donner
un
sens
à
son
échec,
un
geste
qui
la
ressuscitera
dans
toute
sa
nudité,
comme
un
Christ
mort
pour
manifester
davantage
la
gloire
de
son
Père.
Le
tombeau
n'est
pas
sa
demeure.
Elle
provoquera
le
séisme
qui
détruira
sa
prison
pour
surgir
à
nouveau.
À
l'exemple
du
peintre
Giotto,
Marianne,
une
artiste
aussi,
possède
une
vision
ample
de
son
existence
qui
doit
transcender
l'espace
pour
se
loger
dans
une
foi
dépourvue
de
dogmatisme
et
capable
de
transporter
les
montagnes.
Pascale
Quiviger
tient
un
discours
rare
de
nos
jours.
Un
discours
tout
à
fait
crédible
parce
que
son
héroïne
se
penche
avec
lucidité
sur
les
obstacles
qui
l'empêchent
de
croître
ou
de
matérialiser
l'indéterminé
en
elle,
comme
dirait
Maître
Eckhart.
C'est
avec
une
plume
fascinante
que
l'auteur
décrit
la
tourmente
d'une
femme
qui
veut
accéder
à
la
liberté.
Cependant
la
forme
peut
en
décevoir
plusieurs.
La
narration
alterne
du
vous
au
il
et
du
il
au
je,
imbriquant
aussi
des
événements
apparemment
sans
liens
avec
les
personnages,
mais
qui
se
justifient
après
coup.
En
somme,
c'est
échevelé.
L'écriture,
sans
être
lyrique,
se
transforme
parfois
en
incantations
comme
un
écho
redondant
à
la
narration.
Mais
il
reste
que
c'est
une
démonstration
dynamique
de
ce
que
doit
être
l'existence
humaine.
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