Chabot,
Sébastien
Le
Chant
des
mouches.
Éd.
Alto,
2007,
162
p.
L'Agonie
des
régions
Le
Chant
des
mouches
nous
plonge
au
cœur
d'un
village
fictif
de
la
Matapédia,
très
révélateur
de
la
mentalité
qui
caractérise
les
régions
à
l'échelle
nationale.
L'auteur
exhibe
une
population
qui
se
rive
avec
acharnement
à
ses
discordes.
Quand
l'atmosphère
se
lénifie
quelque
peu,
d'aucuns
s'empressent
de
tourner
le
vent
pour
que
se
perpétuent
les
disputes
qui
les
divisent.
Tout
mouvement
qui
favoriserait
des
accommodements
raisonnables
est
contrebuté
avec
fermeté.
Cet
esprit
d'affrontement
caractérise
Sainte-Souffrance,
situé
en
bordure
de
la
rivière
Matalik.
La
toponymie
ne
peut
être
plus
juste.
Les
villageois
se
divisent
en
deux
clans,
qui
entretiennent
des
rapports
haineux
en
raison
de
l'interprétation
qu'ils
donne
de
la
disparition
de
leur
église.
Celui
des
torpilleurs
soutient
qu'elle
a
explosé
en
laissant
un
trou
béant.
Celui
des
flotteurs
croit
plutôt
qu'elle
fut
emportée
par
la
crue
des
eaux.
Ces
prémisses
irréconciliables
ont
créé
deux
ghettos,
situés
de
part
et
d'autre
de
l'ancien
emplacement
de
leur
lieu
de
culte.
Comment
raccommoder
une
population
ainsi
déchirée?
Rien
de
mieux
pour
refroidir
les
esprits
échauffés
que
de
favoriser
la
solution
de
la
"
pépine
".
On
décide
donc
de
construire
un
pont,
comme
à
la
belle
époque
de
Maurice
Duplessis.
La
nouvelle
structure
aura-t-elle
l'effet
escompté?
Voilà
le
dilemme.
En
tout
cas,
deux
orphelins
de
la
paroisse
y
croient
dur
comme
fer,
le
curé
et
un
musicien,
qui
a
composé
Le
Chant
des
mouches,
une
œuvre
que
l'on
jouera
le
jour
de
son
inauguration.
Aucune
rédemption
ne
se
profile
dans
la
bourgade.
Certains
habitants
de
Sainte-Souffrance
(les
Souffretins)
envisagent
même
de
s'établir
au
Nouveau-Brunswick,
d'autant
plus
que
la
Holy
Grail
Incorporated,
la
seule
entreprise
du
village,
a
fermé
ses
portes,
sans
compter
la
perte
de
leur
église,
où,
au
moins,
leurs
croyances
les
rassemblaient.
Dépouillés
de
leurs
points
de
repère,
ils
attendent
un
messie,
dont
Madame
Lamproie
s'empresse
de
tenir
le
rôle
avec
les
"
zeureux
",
un
organisme
à
but
lucratif
qui
profite
de
la
manne
créée
par
ce
vacuum.
L'auteur
décrit
bien
ce
milieu
de
vie
saigné
de
sa
substance
sans
que
le
pouvoir
politique
ne
lève
le
petit
doigt
pour
stopper
l'hémorragie.
Comme
La
Héronnière
de
Lise
Tremblay,
ce
roman
sonne
le
glas
des
clichés
favorables
aux
soi-disant
havres
de
paix
de
nos
régions.
Pour
édulcorer
son
constat,
Sébastien
Chabot
emprunte
la
voie
d'un
conte,
qui
n'en
précise
pas
moins
les
enjeux
dont
dépend
l'avenir
des
villages
du
Québec.
Avec
une
écriture
soignée,
il
montre,
avec
brio
et
humour
pour
ne
pas
en
pleurer,
comment
on
se
tire
dans
le
pied.
En
fait,
il
prend
le
contre-pied
de
Fred
Pellerin,
qui
présente
Saint-Élie-de-Caxtion
comme
un
village
où
il
fait
bon
vivre.
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