|
Tremblay,
Larry
Le
Christ
obèse.
Éd.
Alto,
2012,
180
p.
Le
Mal
régit
le
monde
Pourquoi
Freud
n'a-t-il
pas
fait
l'analyse
psychanalytique
de
l'Évangile?
Le
dramaturge
Larry
Tremblay
s'est
livré
à
cet
exercice
dans
un
roman
qui
revisite
les
saintes
écritures.
Son
évangile
s'est
détourné
de
l'happy
end
de
la
Résurrection,
qui
a
mis
fin
à
la
souffrance
christique.
Contrairement
au
Sauveur
de
l'humanité,
la
nôtre
nous
colle
à
l'âme,
sans
l'espérance
de
ses
effets
libérateurs.
Serait-ce
que
celle
du
fils
de
Dieu
soit
infiniment
supérieure
à
celle
des
enfants
de
Dieu
?
Quand
on
est
le
fils
de
Dieu,
n'est-on
pas
aussi
son
enfant
?
Le
catholicisme
considère
la
mort
comme
délivrance
contrairement
aux
grandes
religions
de
l'Inde,
qui
proposent
une
vision
beaucoup
plus
saine
de
notre
humanité.
|
Le
Christ
obèse
s'appuie
sur
cette
toile
de
fond
pour
encadrer
la
réflexion
du
narrateur
Edgar,
impliqué
dans
une
œuvre
salvatrice.
S'étant
rendu
un
soir
au
cimetière
pour
rendre
hommage
à
sa
mère
récemment
décédée,
il
est
témoin
du
viol
d'une
femme
par
quatre
individus.
Sensible
à
la
souffrance
d'autrui,
il
emmène
la
victime
chez
lui
pour
lui
prodiguer
les
soins
nécessaires.
Soins
qui
lui
révèlent
que
la
robe
déchirée
qu'elle
portait
cachait
un
corps
d'homme.
Comme
héritier
d'une
mère
plutôt
fortunée,
le
héros,
un
trentenaire
célibataire,
peut
se
consacrer
entièrement
au
service
de
son
protégé
qu'il
prénomme
Jean
à
cause
de
l'admiration
de
sa
génitrice
pour
Jean
XX111.
C'est
le
début
d'une
vie
commune,
marquée
par
le
silence.
C'est
un
huis
clos
meublé
par
les
monologues
de
sourd
d'Edgar
alors
qu'il
soigne
ou
nourrit
un
corps
malade
apparemment
indifférent.
Cette
dépendance
débouche
sur
une
vie
fusionnelle.
Comme
la
tutelle
se
prolonge
indûment,
les
rôles
s'inversent.
Jean
exerce
finalement
une
emprise
sur
un
bienfaiteur,
qui
vient
de
trouver
un
substitut
à
la
fusion
maternelle.
Bref,
Edgar
continue
à
tisser
les
liens
destructeurs
de
sa
personnalité.
Incapable
de
se
passer
d'un
suzerain,
il
devient
le
jouet
d'un
Christ
obèse
à
force
de
se
nourrir
de
son
mal
de
vivre.
La
religion
de
la
prospérité
a
marqué
ce
héros
apparenté
aux
Québécois
pratiquants
des
années
1950,
empêtrés
dans
les
plis
de
la
soutane.
D'ailleurs,
quelle
n'est
pas
la
plus
belle
preuve
d'amour
que
le
héros
puisse
donner
à
sa
mère
que
de
lui
promettre
de
devenir
prêtre
!
Ce
désir
d'accéder
au
sacerdoce
entretient
son
obsession
de
la
fusion
qu'il
dévie
vers
le
Père
qui
est
dans
les
cieux.
Le
Pater
noster
est
sa
prière
favorite,
mais
il
est
persuadé
que
le
"
sed
libera
nos
a
malo
"
passera
outre
à
sa
demande.
Le
mal
d'une
liaison
exclusive
au
prix
même
de
la
violence,
voire
du
meurtre.
Larry
Tremblay
vient
de
concocter
le
plus
beau
thriller
psycho-religieux
qui
soit.
Mais
c'est
un
roman
pessimiste,
qui
nous
fait
désespérer
de
la
vie.
Un
monstre
aux
pas
de
velours
sommeille
dans
le
cœur
de
tout
un
chacun.
L'auteur
le
démontre
de
belle
façon
sans
dénigrer
la
religion.
Il
reproche
plutôt
aux
églises
chrétiennes
de
nous
duper
en
présentant
la
mort
comme
seul
moyen
de
se
délivrer.
Bref,
c'est
du
grand
art.
|