Croteau,
Marie-Danielle
.
Le
Grand
Détour.
Éd.
La
Courte
Échelle,
1996,
222
p.
Un
anthropologue
chez
les
pygmées
Marie-Danielle
Croteau
est
une
grande
voyageuse
qui,
sur
un
voilier,
a
navigué
autour
du
monde
avec
son
mari
et
ses
deux
enfants,
nés
en
Afrique
où
le
couple
a
séjourné
pendant
cinq
ans.
Son
roman
est
un
hommage
à
ce
continent
qu'elle
a,
de
toute
évidence,
aimé
passionnément.
Comme
La
Route
de
Bulawayo
de
Philippe
Aquin,
Le
Grand
Détour
entraîne
le
lecteur
au
cœur
de
la
vie
africaine
et,
particulièrement,
en
pleine
forêt
tropicale
où
vivent
les
pygmées.
L'héroïne,
Kristina
Olsen,
est
née
à
Goma,
une
ville
du
Zaïre
sise
à
la
frontière
du
Rwanda.
Son
père
est
un
anthropologue
suédois
marié
à
la
fille
d'un
diplomate
canadien
en
poste
au
Gabon.
Il
s'intéresse
aux
négrilles
en
espérant
que
leur
culture
ne
soit
pas
avalée
par
les
prétendus
progrès
de
la
modernité.
Cette
inclination
lui
cause
plus
d'un
ennui,
en
particulier
avec
son
beau-père
le
pourvoyeur
de
fonds
à
ses
recherches.
Quand
on
signale
sa
disparition
après
la
découverte
de
sa
pirogue
chavirée
sur
une
rivière
à
la
veille
de
l'indépendance
du
Congo
en
1960,
la
famille
Olsen
fuit
le
pays
pour
des
raisons
de
sécurité.
Elle
s'emmène
à
Montréal,
où
Kristina
devient
gardienne
au
Musée
des
beaux-arts.
La
rencontre
fortuite
d'un
visiteur
en
possession
d'une
page
de
notes
de
son
père,
21
ans
après
sa
mort,
lui
laisse
croire
qu'il
est
encore
vivant.
Encouragée
par
ses
collègues
de
travail,
elle
organise
son
retour
en
Afrique.
Malgré
les
profiteurs
qui
exploitent
les
touristes
blancs,
elle
parvient
à
se
rendre
en
Iturie,
le
territoire
habité
par
les
pygmées,
où
son
père
aurait
disparu.
Sous-jacente
à
cette
trame
se
profile
la
blessure
causée
par
la
séparation
d'une
fille
de
son
géniteur
en
pleine
crise
oedipienne.
Son
émancipation
est
tributaire
de
la
découverte
que
Kristina
fera.
Pour
conserver
son
équilibre,
il
lui
faut
renouer
les
liens
là
où
ils
se
sont
rompus.
Le
dilemme
du
roman
repose
sur
cette
entreprise
hasardeuse
dans
un
pays
encore
stigmatisé
par
les
conflits
reliés
à
l'avènement
de
son
indépendance.
Ce
suspense
aux
allures
de
polar
s'enracine
merveilleusement
dans
la
mentalité
africaine.
Malgré
leur
filouterie,
les
personnages
locaux
comme
Kinkela
enrichissent
cette
histoire
de
filiation
à
un
père
qui
a
consacré
sa
vie
à
un
peuple
menacé
d'occidentalisation,
comme
l'illustre
le
film
Les
Dieux
sont
tombés
sur
la
tête.
L'œuvre
réussit
à
souligner
les
enjeux
qui
menacent
d'extinction
une
culture
dépendante
de
la
musique
de
l'âme
que
le
père
de
Kristina
avait
réussi
à
lui
faire
aimer.
Pour
cet
anthropologue,
les
pygmées
étaient
les
meilleurs
musiciens
de
l'Afrique.
"
Que
sans
instrument,
seulement
avec
leur
voix,
ils
arrivaient
à
créer
des
mélodies
complexes
et
même
à
raconter
des
histoires."
Avec
une
plume
alerte
et
concise,
l'auteure
a
brossé
un
tableau
très
crédible
de
l'âme
africaine
et
des
relations
humaines.
Sans
le
dénouement
qui
traîne
en
longueur,
la
narration
de
ce
voyage
aux
multiples
détours
serait
un
petit
chef-d'œuvre.
|