Beaulieu,
Alain
Le
Joueur
de
quilles.
Éd.
Québec
Amérique,
2004,
259
p.
La
Criminalité
à
la
rescousse
de
la
pauvreté
Dans
les
années
30,
Roger
Lemelin
nous
avait
fait
connaître
les
habitants
de
Québec
avec
La
Famille
Plouffe.
Alain
Beaulieu
est
l'un
de
ceux
qui
a
pris
le
relais,
en
particulier
avec
Le
Joueur
de
quilles
qui
aborde
le
dilemme
exposé
dans
Au
pied
de
la
Pente
Douce
:
comment
une
enfance
passée
dans
les
quartiers
populaires
va-t-elle
franchir
le
seuil
du
monde
adulte?
Cet
auteur
s'est
toujours
montré
très
attentif
au
sort
des
enfants.
Dans
son
dernier
roman,
il
examine
ce
qui
est
advenu
de
ceux
qui
sont
nés
en
1962.
Le
héros,
qui
est
son
alter
ego,
est
un
écrivain
comme
Alain
Beaulieu.
Comme
lui,
il
a
été
élevé
dans
la
basse
ville
où
se
regroupaient
les
familles
ouvrières.
Aujourd'hui,
on
les
camoufle
dans
des
HLM
construits
à
la
périphérie
des
quartiers
défavorisés,
habités
de
plus
en
plus
par
les
parvenus
branchés,
dont
la
tendance
penche
vers
l'allure
vieillotte
des
immeubles.
Ce
phénomène
pousse
souvent
les
enfants
des
classes
besogneuses
vers
la
criminalité
afin
de
fuir
le
marasme
de
la
misère
causé
par
la
soi-disant
revitalisation
du
territoire.
Rémi
Belleau
est
l'un
de
ceux-là
qui
a
choisi
d'atteindre
cet
objectif
en
s'inscrivant
en
marge
de
la
société.
Avec
ses
frères,
il
est
parvenu
à
se
hisser
à
la
tête
d'un
réseau
qui
contrôle
le
commerce
de
la
drogue
et
de
la
prostitution
à
Québec.
Cette
activité
exige
une
protection
qu'il
espère
assurer
en
demandant
à
Samy
Martel
d'écrire
sa
biographie
moyennant
la
somme
de
50,0000
$.
Ce
contrat
est
assez
alléchant
pour
que
cet
auteur
délaisse
l'œuvre
qu'il
est
en
train
d'écrire
sur
une
rencontre
virtuelle
des
monstres
de
la
littérature.
Malgré
les
objections
de
sa
conjointe
Solange,
qui
voit
dans
ce
projet
la
glorification
d'un
truand,
il
continue
de
rencontrer
cet
homme
enraciné
dans
le
même
terreau
que
lui.
En
somme,
il
veut
établir
la
part
de
responsabilité
de
la
société
dans
la
création
des
petits
criminels
issus
des
rangs
des
laissés-pour-compte.
Cette
alliance
du
bon,
de
la
brute
et
du
truand
n'est
pas
sans
danger
pour
Samy.
Ses
entrevues
tenues
au
restaurant
avec
Rémi
lui
feront
découvrir
comment
sa
propre
famille
s'est
acoquinée
à
son
insu
au
monde
interlope,
qui,
non
seulement,
s'enrichit
illicitement,
mais
qui,
en
plus,
magouille
en
faveur
de
l'indépendance
prochaine
du
Québec
sous
la
couverture
d'un
soi-disant
champion
de
quilles.
Ce
roman
couvre
l'espace
qu'occupent
les
rejetés
de
la
société,
désireux
de
parvenir
à
la
respectabilité
par
le
crime.
C'est
le
rêve
paradoxal
d'un
petit
gars
de
Québec,
lequel
suit
en
parallèle
celui
de
tout
un
peuple
cherchant
à
s'approprier
les
outils
propres
à
sa
croissance.
La
comparaison
donne
à
l'œuvre
une
saveur
politique
qui
laissera
aux
nationalistes
un
goût
amer,
comme
Trois
Jours
en
juin
de
Steven
Gambier.
Il
s'agit
d'une
double
narration
:
d'abord
celle
d'Alain
Beaulieu
et
celle
de
son
héros.
À
travers
Samy
apparaissent
les
risques
courus
par
celui
qui
veut
assumer
sa
passion
de
l'écriture.
Celle
de
l'auteur
est
invitante.
Par
contre,
le
revers
de
la
médaille
laisse
voir
une
forme
assez
brouillonne.
Le
lecteur
devra
être
indulgent
pour
les
boulons
manquants,
mais
l'enquête
nécessaire
de
Samy
à
l'exécution
de
son
contrat
donne
des
allures
policières
à
ce
roman,
capable
de
nous
conscientiser
par
une
journée
pluvieuse
de
vacances.
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