Dumontais,
Sinclair.
Le
Parachute
de
Socrate.
Éd.
Hurtubise
HMH,
2004,
177
p.
Un
existentialisme
axé
sur
la
consommation
Machiavel
a
voulu
jadis
aider
Laurent
de
Médicis
à
bien
gouverner.
Et
pour
y
arriver,
écrivait-il
au
prince,
il
faut
"
connaître
la
nature
des
peuples
".
Ses
recommandations
découlaient
des
missions
qu'on
lui
avait
confiées,
mais
surtout
de
sa
connaissance
des
grands
personnages
et
des
oeuvres
de
l'antiquité.
Comme
Aristote
qui
décrivait
la
tyrannie,
Machiavel
a
décrit
une
principauté
triomphante,
faisant
fi
des
préceptes
allant
à
l'encontre
de
cet
objectif.
Voulait-il
enseigner
aux
princes
à
gouverner
avec
succès
ou
voulait-il
assurer
au
peuple
un
régime
qui
le
protège
du
barbarisme
de
l'époque?
Bien
malin
qui
pourrait
répondre
à
cette
question.
L'œuvre
de
Sinclair
Dumontais
s'inscrit
dans
cette
veine
des
sciences
politico-économiques
amorcées
par
son
maître
florentin.
Le
sujet,
transposé
à
notre
époque,
revêt
les
couleurs
des
préoccupations
d'un
chef
d'entreprise,
en
l'occurrence
un
fabricant
de
chaussures,
soucieux
de
conserver
son
leadership
dans
un
monde
très
concurrentiel
et
non
moins
barbare
que
tous
les
petits
duchés
qui
se
livraient
des
luttes
féroces
pour
vivre
de
la
sueur
de
leurs
commettants.
À
l'aube
du
XX1e
siècle,
les
entreprises
se
doivent
d'ajuster
leur
tir
afin
de
protéger
leurs
acquis.
Après
avoir
assuré
leur
rentabilité
en
réduisant
la
classe
moyenne
et
en
congédiant
le
plus
d'employés
possible
au
profit
de
la
robotisation,
elles
ont
créé
une
société
qui
diffère
essentiellement
de
la
génération
des
baby-boomers.
Les
rejetons
n'auront
pas
les
moyens
de
leurs
parents.
Par
conséquent,
la
nouvelle
donne
va
les
obliger
à
réorienter
tout
le
marketing
qui
drainait
l'eau
au
moulin.
Pour
y
parvenir,
le
fabricant
de
chaussures
recourt
donc
à
un
expert,
dont
les
judicieux
conseils,
espère-t-il,
lui
serviront
pour
maintenir
son
entreprise
à
flot.
Retiré
dans
une
île
grecque,
ce
spécialiste
québécois
de
la
consommation
va
donc
conseiller
aux
cadres
d'une
fabrique
de
souliers
la
manière
de
s'offrir
un
parachute
pour
se
protéger
des
soubresauts
du
marché
au
XX1e
siècle.
Rien
de
plus
simple
:
il
faut
fabriquer
des
produits
jetables
vendus
à
des
prix
dérisoires.
En
somme,
il
leur
présente
la
stratégie
des
Dollarama
:
vendre
des
produits
bon
marché
à
une
jeune
génération
désargentée,
qui
croira
combattre
l'esprit
mercantile
de
leurs
parents
en
se
procurant
des
objets
de
consommation
à
bas
prix.
C'est
ainsi,
estime-t-il,
que
l'entreprise
pourra
récupérer
le
désir
de
l'avoir
en
sa
faveur.
L'auteur
exploite
à
fond
ce
filon,
l'étayant
d'une
analyse
de
notre
société
où
la
jeunesse
"
ne
trouve
ni
sa
place
ni
son
identité
sociale
",
comme
l'avait
déjà
écrit
Pierre
Vallières
dans
Un
Québec
impossible.
Un
peu
à
la
manière
de
Lénine
qui
s'est
servi
du
marxisme
pour
servir
ses
ambitions
politiques,
Sinclair
Dumontais
prône
un
existentialisme
au
profit
du
pouvoir
économique.
Mais
il
faut
comprendre
que
sa
démonstration
est
une
mise
en
garde
contre
les
illusions
entourant
l'arrivée
du
troisième
millénaire.
Il
est
difficile
de
classer
cette
oeuvre.
Est-ce
un
roman
ou
un
traité
politico-économique?
La
trame
narrative
brille
par
son
absence.
C'est
le
long
discours,
cousu
d'adverbes,
d'un
homme
qui
s'exprime
avec
élégance
et
clarté
en
manipulant
les
clichés
afférents
à
ce
thème.
Sa
verve
souvent
arrogante
et
son
humour
méprisant
peuvent
indisposer
le
lecteur
sans
compter
l'hybridité
littéraire
de
l'œuvre.
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