Kokis,
Sergio
Le
Pavillon
des
miroirs.
Éd.
XYZ,
1994,
367
p.
L'Âme
d'un
émigrant
brésilien
Sergio
Kokis
est
un
psychologue,
qui
a
exercé
son
métier
à
Gaspé
et
à
Montréal.
Son
roman,
Le
Pavillon
des
miroirs,
porte
les
traces
de
sa
formation.
L'auteur
décrit
la
naissance
de
l'esprit
d'un
Brésilien
devenu
peintre
à
l'âge
adulte.
L'univers
d'un
jeune
se
construit
à
partir
de
ses
expériences
enfantines.
Le
héros
le
reconnaît
bien
volontiers.
Se
croyant
vraiment
libre
de
toutes
attaches,
il
observe
soudainement
que
ses
tableaux
transposent
les
gens
et
les
objets
de
son
enfance.
Son
univers
dépend
donc
de
la
situation
sociale
de
son
pays.
Il
vit
dans
un
quartier
peuplé
de
prostituées,
de
clochards,
de
laissés-pour-compte,
de
pauvres.
Les
morts
qui
jonchent
le
sol
au
petit
matin,
les
plages
couvertes
de
détritus
laissés
par
les
pêcheurs
le
marqueront
pour
la
vie.
La
visite
de
l'arrière-pays
avec
l'un
de
ses
enseignants
lui
révèle
une
plus
grande
misère
encore.
Des
villages
délabrés,
des
terres
arides,
des
gens
malades,
une
figuration
en
sorte
de
l'enfer.
Tous
ces
éléments
vont
lui
forger
une
identité
qui
l'attache
à
une
humanité
souffrante.
Cette
vision
sera
surenchérie
par
une
mère
qui
tient
un
bordel
dans
la
maison
familiale
et
par
un
père
incapable
de
réaliser
ses
rêves.
Le
jeune
héros
répond
à
sa
situation
familiale
par
la
solitude
pour
ne
pas
se
dévoiler
à
autrui.
Son
isolement
le
prépare
tout
doucement
à
émigrer
vers
l'âge
de
20
ans
avec
un
bagage
qui
s'accorde
mal
à
la
richesse
canadienne.
Les
bagnoles
bien
alignées
le
long
des
trottoirs,
le
superflu
que
l'on
craint
de
manquer,
tous
ces
caprices
qui
révèlent
la
réussite
et
qui
masquent
la
finitude
de
l'existence
le
rendent
mal
à
l'aise.
Ce
roman
introspectif
est
immensément
riche,
car
il
couvre
tous
les
aspects
de
la
vie
du
héros.
En
ça,
on
remarque
bien
l'esprit
sud-américain
de
l'auteur,
qui
prend
le
temps
de
présenter,
sans
les
maquiller,
toutes
les
facettes
d'une
existence
façonnée
sous
le
chaud
soleil
brésilien.
L'écriture
s'ajuste
à
cette
oeuvre
monumentale.
Elle
se
déploie
lentement,
comme
ralentie
par
la
chaleur
du
pays
de
l'auteur.
Ce
n'est
pas
l'écriture
saccadée
des
écrivains
du
Nord,
qui
se
sentent
obligés
d'aller
vite
pour
ne
pas
geler
leurs
lecteurs.
Il
faut
être
patient
même
si
c'est
écrit
simplement
parce
que
ce
sont
de
longues
phrases
qui
s'alignent
dans
de
longs
paragraphes.
En
plus,
Kokis
a
choisi
la
forme
du
récit
à
son
roman.
Le
héros
se
raconte
pendant
presque
400
pages
sans
nouer
son
vécu
avec
une
intrigue.
Et
il
le
fait
en
deux
temps.
Un
chapitre
est
consacré
à
sa
jeunesse,
et
le
suivant
intègre
ce
vécu
à
l'inspiration
du
peintre
qu'il
est
devenu.
Bref,
ce
roman
se
présente
comme
un
vin
bien
corsé.
|