Paul-André Proulx

Littérature Québecoises

Beaupré, Normand.

Le Petit Mangeur de fleurs. Éd. JCL, 1999, 175 p.

Les Franco-Américains

Au début du 20e siècle, environ 500,000 Québécois francophones sont allés s'installer en Nouvelle-Angleterre. Leurs descendants ont perdu en grande partie la langue de leurs ancêtres. Cependant il en reste encore assez pour les entendre parler français dans les villes où ils se sont principalement regroupés. C'est le cas de Biddeford dans le Maine, où l'auteur est né et a grandi. Son roman témoigne de son expérience de survivant francophone dans une mer anglophone.

Normand Beaupré peut parler la langue de Molière grâce à sa famille. À la maison, on perpétuait la culture de ses origines alors que dans la rue on s'adaptait à la vie américaine. C'est ce passé que l'auteur évoque. À cause de la Crise économique, plusieurs Québécois ont tenté leur chance aux États-Unis. Ainsi, de nombreuses familles ont pris racine en sol américain tout en réussissant à conserver leur langue.

Ce n'était quand même pas facile pour l'auteur de protéger sa culture dans un territoire qui ne reflétait pas la sienne. Il lui a fallu lutter pour en arriver à s'assumer en français. Ses études et surtout l'écriture lui ont permis d'atteindre son objectif. Il est devenu au cours des ans un écrivain américain d'expression française. Paradoxe qu'il tenait à soutenir pour que les jeunes de sa communauté luttent pour maintenir le fait français chez l'oncle Sam.

Son témoignage en faveur d'une culture moribonde au sud du 45e parallèle retarde certes sa disparition. À l'heure de la mondialisation, on peut se demander si la francophonie ne risque pas de perdre des plumes, et même beaucoup. Quoiqu'il en soit, ce roman, comme Les Tisserands du pouvoir de Claude Fournier, rappelle une époque pendant laquelle le Québec perdait ses forces vives en faveur de ses voisins du Sud. C'est une œuvre intéressante pour tous les Américains d'origine québécoise comme Annie Proulx et Jack Kirouac, mais, hormis ce sujet qui aborde notre petite Histoire, le lecteur exigeant risque d'être déçu.