Paul-André Proulx

Littérature Québécoise

Houde, Maxime.

Le Prix du mensonge. Éd. Alire, 2005, 242 p.

Comte assassiné à Joliette

On ne choisit pas souvent Joliette pour camper le décor d'un roman. Il y a eu Francine Allard qui nous a fait vivre les affres d'une obèse de cette ville dans Ma Belle Pitoune en or. Quant à Maxime Houde, il nous renvoie à l'hiver de 1948 alors que le comte de Fontenailles s'apprête à se lancer dans l'érection de maisons préfabriquées.

Son projet innovateur suscite l'admiration, en particulier celle du maire qui est prêt à faire voter un budget pour soutenir le noble promoteur immobilier. L'avocat Jacques Durand est le seul opposant à cette subvention. Son petit doigt lui dit que ce personnage est un fieffé imposteur. Il profite de la visite de Kathryn, l'amie de sa femme, pour demander à son mari, le détective privé Stan Coveleski, d'enquêter sur cet entrepreneur suspect à ses yeux. S'amorce alors la visite de tous ceux qui gravitent dans l'entourage du comte. Les rencontres indisposent la population au point qu'un soir, il est agressé par deux lascars. Croyant jusque-là que Durand pouvait jalouser cet homme devenu si populaire à Joliette, le détective entrevoit maintenant la possibilité qu'il y ait anguille sous roche. Il ne se trompe pas puisque Fontenailles est assassiné le lendemain de son agression. Coveleski est estomaqué par cette mort, d'autant plus qu'elle entraîne la disparition de sa femme avec le notaire Faucher, un fidèle défenseur du comte. Un appel d'un couple de Louiseville, qui les a reconnus au signalement qu'en a donné la police, lance le vaillant détective sur les traces des fuyards. Cette poursuite prend rapidement une allure cauchemardesque au dénouement tragique.

La Studebaker, l'automobile de Coveleski, les Sweet Caporal et les Grads que l'on fume, le gin De Kuyper, très apprécié à l'époque, la place du marché au centre-ville de Joliette, les chalets aux abords du Lac Noir au nord de St-Jean-de-Matha, tout concourt à créer une atmosphère bien inscrite dans le temps. Atmosphère rendue étouffante par la perspicacité d'un héros attentif. Il n'a rien d'un superman. C'est un homme ordinaire qui a de l'intuition et un cœur à la bonne place. Les polars de Maxime Houde accordent beaucoup d'importance aux bons sentiments. Son dernier roman laisse une place prépondérante aux femmes mal-aimées qui doivent payer le prix du mensonge et, particulièrement, à Kathryn, battue naguère par son mari. En somme, l'énigme repose sur des amours qui ont mal tourné et qui parviennent à nous toucher.

Tous les ingrédients devraient assurer le succès de ce polar. Mais le plat ne soulève pas l'enthousiasme. Et cette fois-ci, la trame manque de crédibilité, sans compter que l'écriture minimaliste réduit la chaleur qu'elle pourrait dégager. On dirait l'œuvre d'un adolescent plutôt doué pour la rédaction de scénarii de films policiers.