Leclerc,
Michel.
Le
Promeneur
d'Afrique.
Éd.
Hurtubise
HMH,
2006,
196
p.
Une
Afrique
en
perdition
L'ailleurs
séduit
toujours,
mais,
quand
il
s'agit
de
l'Afrique,
les
charmes
exotiques
ne
sollicitent
plus
les
âmes
en
quête
de
dépaysement,
à
l'exception
des
amateurs
de
safaris.
La
réalité
africaine
glace
les
meilleures
intentions
des
Occidentaux,
gâtés
par
une
économie
de
marché
avantageuse.
Il
est
préférable
de
jouer
aux
indifférents
pour
ne
pas
se
sentir
interpeller
par
les
problèmes
auxquels
est
confrontée
la
population
de
ce
continent
laissé-pour-compte.
C'est
la
dynamique
qui
anime
Charles
V.,
le
héros
de
Michel
Leclerc
dans
Le
Promeneur
d'Afrique.
Il
a
séjourné
au
Burkina,
où
il
espérait
traduire
ses
soucis
humanitaires
en
apports
efficaces
pour
allumer
l'espoir
des
déshérités
de
ce
pays
enclavé
au
cœur
du
Sahel.
Dépité
par
son
insuccès,
il
revient
au
Québec
où
il
mène
une
vie
aisée
entre
Montréal
et
Freligsburg,
lieu
de
sa
résidence
secondaire.
Mais
son
passé
africain
le
rattrape
dix
ans
après
son
retour
quand
il
reçoit
une
lettre
de
Fatou,
une
Burkinabé,
dont
les
charmes
ne
l'avaient
pas
laissé
impassible.
Elle
le
supplie
de
revenir
au
Burkina
pour
connaître
sa
fille
Yéri,
née
de
leur
rencontre.
L'Afrique
s'est
vengée
des
ressentiments
de
Charles
V.
en
lui
octroyant
la
paternité
d'une
fillette.
Quoique
cette
vérité
soit
difficile
à
admettre,
il
acquiesce
à
la
demande
de
son
amante
d'un
bref
moment.
Ce
second
voyage
le
convainc
qu'il
peut
être
le
père
de
cette
enfant
malgré
sa
peau
d'ébène.
Quand
une
analyse
de
sang
indique
qu'elle
est
atteinte
du
sida,
c'est
le
début
d'allers-retours
qui
transforment
la
vie
du
héros.
Contrairement
à
ses
habitudes,
il
persévère
pour
mettre
en
œuvre
tous
les
moyens
susceptibles
de
la
sauver,
aux
dépens
même
de
l'amour
de
sa
femme.
Avec
l'aide
de
Mustapha,
son
conducteur
touareg,
il
traverse
le
Burkina
jusqu'au
Mali
pour
se
procurer
les
médicaments
salvateurs.
Ce
périple
fait
ressortir
tous
les
avatars
qui
attendent
le
peuple,
sans
compter
tous
les
escrocs
prêts
aux
pires
vilenies
pour
s'enrichir
sur
son
dos.
Les
petits
faits
et
gestes
rapportés
font
ressortir
la
poisse
qui
colle
les
Burkinabés
à
une
sombre
destinée.
Il
est
curieux
que
cette
constatation
ne
transforme
pas
Charles
V.
en
un
ardent
défenseur
de
leur
cause.
Après
la
mort
de
Yéri,
c'est
l'esprit
de
vengeance
qui
l'habite.
Chacun
doit
payer
de
sa
vie
les
manquements
conscients
ou
non
à
l'égard
d'un
continent
qu'il
est
parvenu
à
aimer
grâce
à
sa
fille.
L'intrigue,
simple,
emprunte
un
dénouement
facile
en
tuant
l'espoir
que
le
roman
avait
soulevé.
Ce
retour
à
la
case
départ
décevra
le
lectorat
ouvert
à
la
cause
africaine,
et
en
particulier
à
la
transmission
exponentielle
du
facteur
VIH.
C'est
la
première
fois
que
l'on
aborde
cette
thématique
au
Québec.
L'occasion
était
belle
de
creuser
la
question.
L'auteur
n'a
pas
élargi
le
propos
à
une
réflexion
plus
transcendantale.
Il
s'est
limité
aux
réactions
d'un
père
affecté
par
la
maladie
de
sa
fille,
qu'il
n'a
connue
que
quelques
mois
avant
sa
mort.
En
somme,
c'est
un
roman
susceptible
de
plaire,
mais
le
traitement
sommaire
du
sujet
laissera
le
lecteur
sur
sa
faim.
L'écriture
ne
le
sauve
pas
des
faiblesses
d'une
première
œuvre
romanesque,
autant
celles
du
contenu
que
celles
de
la
facture
qui
déchiquète
l'histoire
en
courts
chapitres
souvent
mal
reliés
entre
eux.
L'auteur
a
accordé
trop
d'importance
à
sa
plume.
Contrairement
à
ce
que
nous
pourrions
nous
attendre,
les
élans
poétiques
empêchent
les
phrases
de
prendre
leur
envol.
Bref,
pour
mieux
connaître
l'Afrique,
il
serait
préférable
de
se
fier
aux
romans
populaires
de
Camille
Bouchard
ou
au
roman
ennuyeux,
mais
solide,
de
Philippe
Aquin.
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