Kokis,
Sergio
Les
Amants
de
l'Alfama.
Éd.
XYZ,
2003,
208
p.
Survivre
aux
amours
mortes
Juliette
s'est
enlevé
la
vie
pour
connaître
le
même
sort
que
Roméo.
Comment
survivre
aux
amours
mortes?
Jacques
Brel
a
supplié
Mathilda
de
revenir.
Sergio
Kokis
a
exploité
la
force
de
l'imaginaire
pour
conjurer
le
sort
des
Parques
qui
s'amusent
avec
le
destin
des
amoureux.
Le
héros
portugais
trouvera
son
salut
auprès
d'ivrognes
qui
lui
indiqueront
le
chemin
menant
à
une
fuite
honorable.
Matilda
Lenz,
l'amante
belge,
est
allergique
à
la
tiédeur
de
son
Cupidon.
Elle
décide
donc
de
retourner
dans
son
pays
pour
laisser
Joaquim
à
ses
études
en
mathématiques.
Ce
départ
précipité
laisse
le
héros
pantois.
Il
croit
que
seule
la
mort
peut
le
délivrer
de
son
tourment.
En
cette
soirée
de
la
Toussaint,
le
Tage
qui
coule
à
Lisbonne
se
présente
comme
le
moyen
le
plus
efficace
pour
mettre
fin
à
une
destinée
dépourvue
de
sens
sans
un
amour
vivifiant.
Avant
d'exécuter
son
funeste
projet,
il
erre
dans
les
rues
de
l'Alfama,
l'ancien
quartier
maure
de
Lisbonne.
Le
hasard
veut
qu'il
croise
une
pute,
qui
l'entraîne
au
Buraco
do
Beco,
un
restaurant
où
se
tient
une
veillée
funèbre
en
hommage
aux
clients
disparus,
tous
des
ivrognes
invétérés.
Lors
de
cette
soirée
bien
arrosée
de
vin
et
de
bagaço,
les
convives
rappellent
le
souvenir
de
leurs
pairs,
des
victimes
de
la
détresse
humaine,
qui
ne
sont
pas
sans
rappeler
les
tableaux
de
Hieronymus
Bosch.
L'ivresse
compense
les
événements
douloureux
de
la
vie,
comme
l'a
déjà
écrit
Baudelaire.
Elle
laisse
aussi
tomber
les
masques,
mais
la
pudeur
exige
que
la
vérité
se
pare
d'histoires
en
miroirs.
Après
avoir
évoqué
l'ancienne
clientèle
de
l'établissement,
chacun
se
raconte
en
empruntant
la
voie
de
l'imaginaire.
Martim
est
le
voyageur,
Celso
est
le
collectionneur,
et
Clotilda
est
la
bonne.
Que
cachent
leurs
récits?
C'est
un
amour
déçu,
qui
ne
peut
se
dévoiler
au
grand
jour
tellement
la
blessure
est
profonde.
Pour
y
arriver,
ils
empruntent
tous
la
voie
du
fado.
Est-ce
une
façon
de
se
mentir?
Ment-on
quand
on
veut
fuir
les
tortures
auxquelles
Salazar
soumettait
les
opposants
à
son
régime?
Ment-on
quand
on
veut
échapper
aux
affres
qu'entraîne
l'affirmation
de
son
homosexualité?
Chacun
recourt
à
l'imaginaire
pour
construire
un
remblai
contre
la
mort
de
l'âme.
Comme
un
kaléidoscope,
ces
histoires
baroques
renvoient
à
Joaquim
l'image
de
lui-même.
Sergio
Kokis
démontre
habilement
comment
la
littérature
peut
créer
un
verbe
libérateur
pour
réunir
les
amants
de
l'Alfama
et
tous
les
amants
du
monde.
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