Corbeil,
Normand
Les
Années-tennis
.
Éd.
VLB,
2010,
200
p.
ISBN
9782896490974
Passage
de
la
jeunesse
à
la
vie
adulte
C’est
sur
le
court
d’un
terrain
de
tennis
que
des
amis
dans
la
vingtaine
se
sont
mesurés
à
l’aulne
de
leur
raquette.
Le
choix
du
sport
précise
qu’il
s’agit
de
jeunes
hommes
sélects,
comme
ce
Bob,
qui
a
fui
les
raffineries
de
Montréal-Est
pour
s’établir
dans
le
quartier
huppé
de
Ville
Mont-Royal.
Tous
ont
canalisé
leur
raffinement
dans
de
nobles
activités
à
l’instar
du
narrateur,
marqué
par
la
finesse
d’Édouard,
le
plus
distingué
d’entre
eux.
Hormis
le
tennis,
les
voyages
ont
aussi
contribué
à
peaufiner
la
délicatesse
de
leurs
sentiments,
comme
c’est
le
cas
pour
Arnold,
qui
s’est
envolé
vers
la
Côte
d’Azur,
où
la
visite
des
musées
vint
tromper
sa
quête
métaphysique.
Qui
suis-je
?
Que
veux-je
?
Où
vais-je
?
Autant
de
questions
qui
les
tarabustent
en
vieillissant.
Quatre
d’entre
eux
font
l’objet
de
chacun
des
chapitres
du
roman
que
l’on
peut
qualifier
de
recueil
de
nouvelles
ou
de
réflexions
sur
l’existence.
L’amitié
constitue
le
fil
conducteur
de
la
trame,
tissée
serrée
autour
de
leurs
relations
issues
de
la
passion
du
tennis.
C’est
la
jauge
allégorique
sur
laquelle
ils
s’alignent
pour
mener
une
vie,
qui
suivrait
la
trajectoire
de
la
balle
du
coup
vainqueur,
Espèrent-ils
ainsi
que,
la
mort
venue,
saint
Pierre
les
accueille
en
anglais
:
«
Come
to
Wimbledon
Paradise.
»
Chaque
joueur
du
match
de
la
vie
devrait
viser
son
Wimbledon.
«
Beaucoup
d’appelés,
mais
peu
d’élus
»,
prévient
l’Écriture
sainte.
Le
décourageant
apophtegme
préside
au
propos
du
volet
sous-jacent
à
l’existence.
Avec
l’âge,
ces
tennismen
réalisent
que
l’on
ne
joue
pas
toujours
à
la
hauteur
de
son
talent.
Un
héros
meurt
dans
un
sac
de
poubelle,
noué
de
l’intérieur.
Manière
plutôt
inusitée
de
s’enlever
la
vie
!
En
somme,
il
s’agit
d’un
récit
métaphysique,
qui
note
avec
justesse
que
les
années
heureuses
de
la
jeunesse
ne
sont
pas
les
prémisses
d’un
avenir
de
félicité.
Même
constat
établi
par
Patrick
Drolet
dans
J'ai
eu
peur
d'un
quartier
autrefois
?
Qu’advient-il
après
les
années
de
pensionnat
?
Le
temps
rompt
les
liens
les
plus
solides
avant
de
menacer
d’acculer
l’espèce
humaine
à
la
solitude
et
à
la
mort.
L’auteur,
qui
enseigne
la
philosophie,
s’est
montré
audacieux
en
abordant
un
tel
sujet.
Le
passage
de
sa
discipline
à
l’art
romanesque
n’est
pas
des
plus
harmonieux.
Son
roman
suit
plutôt
la
facture
du
recueil
de
nouvelles
que
l’on
peut
lire
dans
le
désordre.
Les
enchaînements
revêtent
ainsi
un
caractère
diffus
d’autant
plus
qu’aucune
diégèse
(histoire)
ne
supporte
l’intérêt
du
lecteur.
C’est
sans
compter
que
l’écriture
hachurée
précipite
le
discours
en
abusant
de
la
parataxe
et
de
l’asyndète
(omission
des
mots
de
liaison).
Le
roman
reste
un
outil
pertinent
pour
qui
se
posent
les
«
vraies
questions
».
Mais
il
sent
tout
de
même
l’esbroufe
avec
sa
terminologie
disparue
du
dictionnaire,
comme
ces
tartanes
(petits
voiliers)
baignant
dans
les
baies
de
la
Méditerranée,
surplombées
par
des
nuées
comparées
à
celles
des
toiles
de
Mark
Rothko.
La
caractérisation
comparative
n’est
pas
des
plus
évidente.
Bref,
c’est
une
œuvre
raffinée,
qui
se
pavane
dans
les
couloirs
de
la
pensée
occidentale.
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