Moore,
Jeffrey
S.
Les
Artistes
de
la
mémoire.
Éd.
XYZ,
2007,
340
p.
Les
Troubles
de
la
mémoire
Né
à
Montréal,
Jeffrey
S.
Moore
est
un
anglophone
diplômé
de
l'université
de
Toronto
et
de
la
Sorbonne.
Avec
ce
roman,
il
se
penche
sur
les
troubles
de
la
mémoire.
Son
héros,
Noel
Burun
souffre
de
synesthésie.
Des
couleurs
et
des
formes
se
joignent
aux
mots
qu'il
entend.
Il
aimerait
bien
identifier
l'origine
de
cette
association,
dont
Rimbaud
a
témoigné
dans
son
poème
Voyelles
:
"
A
noir,
E
blanc,
I
rouge,
U
vert,
O
bleu.
"
Ainsi
la
réalité
se
dissocie
difficilement
du
monde
parallèle
créé
par
son
cerveau.
À
cette
perception
chromatique
et
figurative
s'ajoute
son
hypermnésie,
qui,
tel
un
ordinateur,
sauvegarde
toutes
les
données
que
lui
a
livrées
l'existence.
Comme
Baudelaire,
il
peut
s'écrier
:
"
J'ai
plus
de
souvenirs
que
si
j'avais
mille
ans.
"
En
somme,
ce
problème
est
la
version
antinomique
de
la
maladie
d'Alzheimer.
L'auteur
trace
le
profil
de
tous
ces
maux
à
travers
Noel
et
sa
mère
Stella,
atteinte
à
56
ans
de
dégénérescence
mémorielle.
Le
fils
demande
au
Dr
Émile
Vorta,
un
neuropsychologue,
de
concocter
une
drogue
qui
la
sauverait.
Faire
soigner
sa
mère
et
s'en
occuper
à
temps
plein
sont
deux
choses
différentes.
La
tâche
représente
un
défi
qu'il
relève
grâce
à
ses
amis,
des
jeunes
patients
du
célèbre
chercheur,
qui
viennent
s'installer
chez
lui
après
avoir
perdu
leur
logement.
Le
hasard
fait
bien
les
choses.
Tous
apportent
leur
contribution
pour
éveiller
la
mémoire
de
leur
hôte.
Noel,
le
scientifique,
profite
du
laboratoire
de
son
père,
un
chimiste
qui
s'est
suicidé,
pour
travailler
secrètement
de
son
côté
à
l'élaboration
d'un
médicament
miraculeux.
Norval,
hédoniste
dévoyé,
tente
de
ressusciter
le
désir
de
charmer
de
Stella.
JJ
Yelle
apporte
ses
connaissances
ésotériques
pour
appuyer
les
recherches
de
son
ami,
et
Samira
Darwich,
une
ex-comédienne
arabe,
participe
à
cette
guérison
en
fournissant
des
informations
tirées
des
Contes
des
mille
et
une
nuit
qui
pourraient
aiguiller
Noel
vers
un
élixir
ad
hoc.
Les
personnages
cherchent
une
catharsis
à
leurs
problèmes
en
devenant
des
"
artistes
de
la
mémoire
"
engagés
dans
une
lutte
pour
parer
à
ses
carences.
L'auteur
laisse
entendre
que
la
pharmacopée
seule
ne
peut
parvenir
à
des
résultats
concluants.
La
guérison
dépend
d'une
panoplie
de
moyens
qui
dépassent
largement
les
officines
médicales.
Comme
dans
Ensemble,
c'est
tout,
un
roman
très
people
d'Anna
Gavalda,
la
convivialité,
l'amitié,
l'amour
et
la
culture
composent
les
éléments
de
la
recette
opérante.
En
somme,
la
science,
l'entraide
et,
surtout,
la
poésie
sont
essentiels
à
toute
guérison.
Cet
angle
humaniste
jette
une
douche
froide
sur
les
prétentions
des
consortiums
pharmacologiques.
Le
bon
fonctionnement
de
l'organisme
est
intimement
lié
aux
besoins
de
l'âme.
Mens
sana
in
corpore
sano.
Le
journal
intime
de
chacun
révèle
les
difficultés
éprouvées
pour
rencontrer
cet
objectif,
mais
grâce
à
la
résilience
qui
les
a
transmués
en
aides
soignants,
ils
perçoivent
la
lumière
au
bout
du
tunnel.
L'éditeur
compare
Les
Artiste
de
la
mémoire
à
L'Histoire
de
Pi
de
Yann
Martel.
Le
rapprochement
ne
tient
que
pour
le
code
de
vie
que
livrent
ces
deux
auteurs.
Là
s'arrête
la
comparaison.
Le
livre
de
Martel
véhicule
un
message
transcendantal
alors
que
celui
de
Jeffrey
Moore
contourne
la
verticalité.
L'écriture
distingue
aussi
l'un
de
l'autre.
Jeffrey
Moore
n'a
pas
la
plume
fluide
de
son
confrère.
Sa
phrase
dense
est
d'une
lourdeur
qui
retient
notre
enthousiasme.
Rédigé
comme
un
"
rapport
de
recherche
"
sur
la
vie
des
patients
du
Dr
Vorta,
le
roman
perd
en
art
romanesque
ce
qu'il
gagne
comme
discours
informatif.
L'auteur
mêle
les
genres
afin
de
mieux
éclairer
ses
personnages,
mais
tous
les
journaux
intimes,
les
interviews,
les
coupures
de
presse,
les
notes
de
laboratoire,
les
dialogues
omniprésents
créent
un
kaléidoscope
qui
donne
l'impression
de
courir
à
travers
une
jungle.
Il
reste
que
Jeffrey
Moore
a
écrit
une
œuvre
riche,
touchante,
voire
humoristique.
Bref,
c'est
quand
même
une
belle
illustration
de
la
devise
des
trois
mousquetaires
:
"
Tous
pour
un,
un
pour
tous.
"
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