Dandurand,
Andrée.
Les
Carnets
de
David
Thomas.
Québec
Amérique,
1993,
232
p.
Les
Maladies
industrielles
La
conscience
sociale
de
Zola
n'a
pas
son
équivalent
chez
les
romanciers
québécois.
Le
monde
ouvrier
est
peu
considéré
si
l'on
examine
la
liste
des
auteurs
qui
abordent
le
sujet.
Il
y
a
bien
Marie-Paule
Villeneuve,
qui
a
souligné
le
travail
des
enfants
en
usine
dans
L'Enfant
cigarier,
et
Roger
Delisle,
qui
traite
d'une
fermeture
d'usine
dans
Le
PDG.
Mgr
Félix-Antoine
Savard
fut
le
premier
à
dénoncer,
dans
Menaud,
maître-draveur,
les
manœuvres
scandaleuses
des
entreprises
visant
l'assouvissement
de
leur
cupidité
au
détriment
de
la
santé
et
de
la
sécurité
des
populations
au
sein
desquelles
elles
s'établissent.
En
1993,
Andrée
Dandurand
a
joint
sa
voix
à
celle
de
l'honorable
prélat
pour
pointer
les
maladies
industrielles
qui
affectent
les
habitants
des
villes
soumis
aux
diktats,
dans
beaucoup
de
cas,
du
plus
important
employeur.
S'appuyant
sur
deux
enquêtes
menées
sur
la
silicose
et
l'amiantose,
l'auteur
a
concocté
la
sienne
dans
le
décor
de
Vimy
Jonction,
ville
fictive
vivant
des
retombées
économiques
de
la
fusion
des
métaux,
comme
c'est
le
cas
pour
Shawinigan.
Son
héros,
un
Franco-américain
du
nom
de
David
Thomas,
est
mandaté
par
une
firme
anglaise
afin
de
voir
à
l'installation
du
nouvel
équipement
acquis
par
la
New
Standard,
une
branche
d'une
multinationale
américaine
opérant
au
Québec.
Il
ne
fallut
pas
beaucoup
de
temps
au
héros
pour
déceler
l'aversion
de
la
population
à
l'égard
de
cette
entreprise,
qui
fait
fi
des
recommandations
des
chercheurs
pour
éviter
ce
que
l'on
appelle
à
Vimy
Jonction,
"
la
maladie
de
l'usine
".
Son
séjour
dans
cette
ville
tombe
pile.
Il
coïncide
avec
la
poursuite
en
Cour
par
des
veuves,
qui
accusent
la
New
Standard
d'être
responsable
de
la
mort
prématurée
de
leurs
maris.
David
Thomas
assiste
donc
au
procès
pendant
lequel
il
prend
des
notes.
C'est
à
travers
ce
personnage
que
l'auteur
mène
son
enquête
afin
de
suivre
les
layons
de
la
jungle
industrielle.
Chantage,
armée
d'avocats
talentueux,
magouilles
composent
l'arsenal
de
toute
entreprise
vouée
au
seul
gain.
Peu
importe
ce
qui
arrive
à
ceux
que
l'on
embauche
pour
atteindre
cet
objectif.
S'ils
meurent,
on
envoie
à
la
famille
en
deuil
une
lettre
qui
déplore
le
décès
du
valeureux
soldat
tombé
au
champ
du
déshonneur
industriel.
Mais
sous
la
fumée
montant
des
cheminées,
les
familles
sont
confrontées
à
la
mort,
qui
met
même
en
péril
leur
survie
dans
un
contexte
de
femmes
au
foyer,
comme
c'était
le
cas
pour
l'époque
que
couvre
le
roman.
Avec
la
transcription
de
ses
observations
dans
des
carnets,
David
Thomas
espère
écrire
un
essai
pour
dénoncer
cette
situation
ou,
tout
au
moins,
des
articles
dans
les
revues
scientifiques.
Mais
il
va
vite
comprendre
que
la
science
dans
sa
fausse
apparence
d'objectivité
est
dépendante
pour
survivre
de
bailleurs
de
fonds,
qui
exigent
de
profiter
de
la
moindre
de
ses
découvertes.
Ainsi
naissent
des
engins
de
guerre
de
plus
en
plus
sophistiquées,
des
équipements
lourds
de
plus
en
plus
dangereux
pour
les
humains.
Cette
collusion
est
bien
suffisante
pour
faire
avorter
toute
idée
de
salut
pour
l'homme.
Le
héros
peut
le
constater
grâce
à
une
experte
en
la
matière,
dont
il
est
amoureux.
Ce
roman
sur
les
martyrs
de
l'industrie
se
dédouble
d'une
histoire
d'amour.
Les
deux
volets
sont
bien
ficelés
et
complémentaires.
L'écriture
limpide
permet
de
suivre
aisément
le
destin
d'une
race
appelée
à
s'éteindre
avec
le
progrès
des
sciences
au
service
d'une
économie
véreuse.
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