Noël,
André.
Le
Seigneur
des
rutabagas.
Éd.
La
Courte
Échelle,
1999,
248
p.
La
Mafia
montréalaise
Le
Marché
Jean-Talon
attire
plusieurs
agriculteurs
de
la
région
métropolitaine
qui
viennent
offrir
leurs
produits
à
un
prix
inférieur,
dit-on,
à
ceux
des
supermarchés.
Le
samedi,
c'est
vraiment
le
rendez-vous
du
tout
Montréal.
Mais
les
marchands
qui
fournissent
les
consommateurs
en
produits
frais
doivent
payer,
en
plus
du
permis
d'opération,
des
redevances
à
la
mafia.
La
somme
exigée
pour
avoir
pignon
sur
rue
est
collectée
directement
par
le
mafioso
local
que
l'auteur
ennoblit
par
dérision
en
lui
conférant
le
titre
de
Seigneur
des
rutabagas.
C'est
ce
que
l'on
appelle
"
le
racket
de
la
protection
".
On
paie
rubis
sur
l'ongle
ou
on
choisit
son
urne
funéraire
ou
son
lot
au
cimetière.
Abélard
Hébert
est
le
tueur
à
gages
du
caïd
du
Marché
Jean-Talon,
mais,
à
la
veille
de
Noël,
il
est
démis
de
cette
fonction
au
profit
d'un
plus
jeune.
Pour
subvenir
à
ses
besoins,
il
choisit
d'être
chauffeur
de
taxi
en
attendant
que,
derrière
son
occiput,
germe
une
idée
lucrative.
Pourquoi
ne
pas
devenir
le
nouveau
Seigneur
des
rutabagas?
C'est
à
ses
risques
et
périls
que
l'on
s'attaque
à
la
mafia.
Qu'à
cela
ne
tienne!
Le
jeu
en
vaut
la
chandelle.
C'est
Régina,
une
préposée
à
l'entretien
ménager
d'un
hôpital,
qui
va
lui
en
fournir
l'occasion.
Il
s'engage
à
lui
remmener
son
fils,
gardé
jalousement
par
l'ancien
amant,
un
protégé
du
Seigneur
des
rutabagas.
Ce
pacte
qui
le
lie
à
Régina
l'oblige
à
entreprendre
une
course
rocambolesque
à
travers
le
Québec
et
le
Mexique
pour
échapper
aux
hommes
de
peine
du
mafioso.
Abélard
confie
alors
sa
voiture
de
taxi
à
un
adepte
du
Vaudou,
lequel
met
en
péril
son
objectif
à
cause
de
l'empathie
de
ce
conducteur
pour
les
immigrants,
qu'ils
soient
noirs
ou
asiatiques.
Ce
roman
farfelu
brosse
paradoxalement
un
tableau
réaliste
du
Québec
actuel.
L'humour
noir
et
un
brin
surréaliste
contribue
à
freiner
nos
possibles
réactions
moroses
à
l'égard
de
notre
vécu
social
:
le
changement
d'orientation
des
soins
hospitaliers,
les
tracasseries
occasionnées
par
la
garde
des
enfants
du
divorce,
l'entrée
massive
d'immigrants
qui
nous
oblige
à
nous
remettre
en
question,
la
domination
des
instances
économiques
et
politiques
par
des
organisations
criminelles,
telle
que
Jean-Jacques
Pelletier
l'a
démontré
dans
ses
magnifiques
polars.
Avec
une
écriture
efficace
et
une
verve
hallucinatoire,
l'auteur
embarque
facilement
le
lecteur
qui
ne
craint
pas
de
voir
le
Québec,
et
en
particulier
Montréal,
dans
un
miroir
déformant.
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