Claer,
José.
Les
Nymphéas
s'endorment
à
cinq
heures.
Éd.
Vent
d'Ouest,
2004,
170
p.
Une
adolescence
parisienne
sous
l'Occupation
L'horticulture
est
une
science
qui
ravit
l'œil.
Monet
en
a
donné
une
illustration
avec
ses
toiles.
Magnifique!
Avec
les
mots,
on
peut
rivaliser
avec
l'art
floral.
José
Claer
a
tenté
cette
expérience
en
nous
offrant
deux
romans
ravissants
comme
des
bouquets.
L'auteur
est
un
parnassien
de
l'art
romanesque.
Il
séduit
par
une
écriture
riche
en
couleurs
qui
convertit
son
œuvre
en
des
floralies
du
mot.
C'est
beau
à
la
condition
d'aimer
le
travail
qui
résulte
d'un
bel
agencement.
Ceux
qui
préfèrent
la
mauve
qui
pousse
à
l'état
naturel
dans
les
champs
ou
la
trille
qui
tapisse
les
sous-bois
au
mois
de
mai
n'apprécieront
pas
nécessairement
cette
savante
composition
qui
sent
l'esbroufe.
L'auteur
a
réalisé
un
projet
littéraire
audacieux
qui
en
lassera
plus
d'un
à
cause
de
son
écriture
somptuaire.
Les
Nymphéas
s'endorment
à
cinq
heures,
son
dernier
roman,
compose
une
gerbe
si
étudiée
que
l'on
se
demande
si
ce
ne
sont
pas
des
fleurs
artificielles.
Cette
œuvre
n'a
de
québécoise
que
son
auteur,
Josué
Jude
Carrier,
né
à
Mont-Laurier
en
1963.
Son
héroïne
est
une
adolescente
de
quatorze
ans,
qui,
au
cours
de
l'été
de
1944,
connaît
une
accélération
de
son
apprentissage
de
la
vie
sous
une
occupation
qui
s'érode.
Elle
habite
la
maison
familiale,
baptisée
Les
Nymphéas,
sise
dans
le
Hameau-La-Fontaine,
près
de
Paris.
Entourée
de
sa
mère,
de
ses
cinq
sœurs
et
de
ses
deux
cousins,
Maude
Beaury
observe
la
vie
avec
un
œil
curieux
qui
allume
son
imagination,
fertile
d'ailleurs.
Devant
le
monde
des
adultes
qui
se
dresse
devant
elle
dans
toute
sa
beauté
et
toute
sa
laideur,
elle
rêve
de
l'impossible
désir
d'avoir
quatorze
ans
à
tout
jamais
comme
le
nain
du
Tambour
de
Günter
Grass.
Suspendre
le
temps
pour
apprécier
le
sentiment
exquis
d'emmagasiner
des
expériences
qui
lui
font
découvrir
la
vie
dans
toutes
ses
ramifications,
en
particulier
l'amour
qui
ajoute
"
un
accent
aigu
à
la
beauté
".
Oeuvre
sensuelle
qui
s'épanouit
au
milieu
d'un
jardin
de
fleurs
et
d'épines
aussi.
L'âme
de
Maude
"
s'ecchymose
"
au
contact
des
prédateurs
de
liberté.
L'absence
de
son
père
et
de
son
frère
retenus
par
la
guerre,
les
soldats
pendus
aux
lampadaires
créent
une
atmosphère
qui
la
détourne
du
temps
:
"
Quand
je
serai
assez
vieille
pour
être
une
grande
personne,
je
choisirai
de
ne
pas
en
être
une!
"
La
guerre
conjugue
avoir
et
être
:
avoir
plus
et
être
plus
fort.
Une
belligérance
qui
n'apporte
rien
aux
femmes.
Comme
dit
la
mère
:
"
Nous,
on
a
moins
et
on
est
moins.
"
Ce
roman
initiatique
projette
une
adolescente,
revolver
au
poing,
vers
son
destin
d'adulte.
La
guerre
récupère
son
innocence
pour
lui
révéler
un
monde
d'acier,
un
monde
d'une
froide
criminalité.
Pour
Maude,
son
jardin
de
roses
n'a
duré
que
ce
que
durent
les
roses.
Finalement,
José
Claer
n'a
pas
présenté
une
adolescence
à
l'eau
de
rose.
Derrière
le
jardin
fleuri,
c'est
le
sang
qui
marque
la
vie
au
féminin.
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