Paul-André Proulx

Littérature Québécoise

Pende, Ata.

Les Raisons de la honte. Éd. Trois, 1999, 68 p.

Un Sud-Américain de Montréal

Québécois d'origine zaïroise, Ata Pende s'intéresse dans cette œuvre au sort d'un exilé en quête de territoire pour se réaliser. Son héros, ancien guérillero de l'Amérique centrale, s'est retrouvé à Montréal après un détour par le Brésil, où il fut brièvement planteur de café. Jaime Montoya habite un HLM du quartier Côte-des-Neiges, dont il peut acquitter le loyer grâce à son travail chez Galarneau Textile. La dynamique qui l'anime se révèle le jour où, au bas de l'escalier de son immeuble, il croit avoir oublié quelque chose pour affronter l'hiver qui sévit.

En retournant à son logis, il trouve la porte ouverte. Cet élément déclencheur lui pose un dilemme épineux. Le héros considère qu'il s'agit d'une intrusion. Immigrant depuis deux ans au Québec, il a tout à craindre du viol de son intimité. Il doit donc se débarrasser de l'intrus sans attirer l'attention policière. Les raisons sont déjà assez nombreuses pour nourrir sa honte d'être le braconnier de l'espace où il tente de redonner un sens à son existence. Il ne trouve rien de mieux que de provoquer de la fumée pour que le détecteur sonne l'alarme. Mais le feu est un maître insensible aux malheurs d'autrui. Et c'est l'édifice entier qui devient la proie des flammes. Les mauvaises langues ne tarderont pas à transformer la pauvre victime en pyromane. Bref, l'exilé doit se déguiser en courant d'air pour échapper à la xénophobie.

Cette longue nouvelle fort ingénieuse fait ressortir éloquemment les difficultés du migrant. En peu de pages, l'auteur convainc le lecteur de la justesse de son point de vue. Bien écrit, bien ficelé, l'œuvre connaît par contre un dénouement qu'on aurait souhaité plus original.