Péloquin,
Michèle.
Les
Yeux
des
autres.
130
p.
Des
miettes
d'amour
Les
chroniqueurs
littéraires
se
sont
transformés
en
thuriféraires
pour
accueillir
Les
Yeux
des
autres,
un
recueil
de
trente-deux
nouvelles.
Cette
œuvre
révèle
pour
Réginald
Martel
de
La
Presse
"
un
écrivain
extraordinaire
".
Suzanne
Giguère
du
Devoir
y
voit
une
"
perfection
"
et
Stanley
Péan
du
Libraire,
"
une
entrée
fracassante
et
inoubliable
en
nos
lettres
".
Certes,
les
amateurs
de
nouvelles
en
apprécieront
la
facture
classique.
Les
chutes
sont
bien
amenées,
mais
pas
nécessairement
retentissantes.
Les
amorces
sont
simples.
Elles
s'identifient
aux
événements
du
quotidien
:
un
anniversaire,
un
dîner
d'amis,
une
nuit
à
l'auberge,
un
décès,
une
rupture,
un
abus
sexuel,
etc.
Au
lieu
d'opter
pour
des
dilemmes
inextricables
qui
s'inscrivent
dans
la
marginalité,
l'auteure
a
plutôt
privilégié
des
situations
répandues
à
travers
l'Occident.
Le
recueil
présente
aussi
une
grande
uniformité
comme
Les
Gens
fidèles
ne
font
pas
la
nouvelle
de
Nadine
Bismuth
sur
l'infidélité
ou
Les
Vieux
ne
courent
pas
les
rues
de
Jean-Pierre
Boucher.
Michèle
Péloquin
a
donc
prévu
un
fil
d'Ariane
dans
son
labyrinthe,
permettant
de
lire
ce
recueil
comme
un
roman
étant
donné
qu'il
saisit
des
aléas
auxquels
n'importe
qui
peut
être
confronté.
Parfois,
on
fait
face
à
la
mort,
celle
de
la
mère
en
particulier,
survenue
au
moment
le
plus
imprévisible,
soit
celui
d'un
repas
familial,
agrémenté
de
musique
jouée
à
la
guitare
par
le
grand
frère.
Le
plus
souvent,
l'auteure
se
penche
sur
des
relations
humaines
difficiles
qui
ont
débouché
sur
des
séparations
ou
qui
ne
se
sont
pas
concrétisées
par
une
vie
de
couple.
Les
"
je
t'aime
"
des
narratrices
n'attirent
pas
de
réciprocité.
La
frayeur
d'aimer
semble
"
le
mal
du
nouveau
millénaire
"
qui
atteint
particulièrement
le
mâle.
Les
déceptions
amoureuses
n'engendrent
ni
névrose
comme
chez
Maxime-Olivier
Moutier
ni
fuite
comme
chez
Guillaume
Vigneault.
La
résignation
caractérise
les
attitudes
comme
chez
les
héros
de
Gilles
Archambault
dans
Comme
une
panthère
noire.
Tous
et
toutes
ont
compris
que
la
tiédeur
est
le
lot
le
plus
souvent
partagé
entre
les
humains.
"
Des
miettes
d'amour,
dira
une
narratrice,
valent
mieux
que
pas
d'amour
du
tout
".
Les
blessures
ne
parviennent
pas
à
déséquilibrer
les
protagonistes
même
si,
dès
l'enfance,
le
grand-père
de
l'une
d'elles
a
glissé
la
main
dans
sa
culotte.
Cette
sagesse
n'en
cache
pas
moins
la
douleur
de
ne
pas
pouvoir
s'évaluer
dans
les
yeux
des
autres.
Malgré
tout,
c'est
une
œuvre
qui
fait
confiance
en
la
vie.
Les
héroïnes
se
défendent
sans
faire
de
vagues.
Elles
vivent
leurs
drames
dans
une
atmosphère
feutrée
à
la
Jacques
Poulin,
qui
rend
plus
éloquentes
la
souffrance
morale
et
la
solitude
dont
elles
sont
victimes.
L'écriture
convient
à
cette
œuvre
de
la
mesure.
Les
envolées
lyriques
laissent
la
place
à
une
simplicité
compatible
avec
la
poésie.
Bref,
c'est
une
œuvre
harmonieuse
qui
mérite,
certes,
des
coups
d'encensoir,
mais
pas
aussi
énergiques
que
ceux
des
chroniqueurs
de
métier.
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