Marchand,
Alain
Bernard.
Lettres
d'un
cracheur
d'étoiles.
109
p.
La
Vie
après
la
vie
Alain
Bernard
Marchand
est
un
Franco-Ontarien
né
à
Shawinigan.
Sa
dernière
œuvre
annoncée
comme
un
roman
est
plutôt
le
récit
narcissique
d'un
fonctionnaire
quadragénaire
qui
souhaite
laisser
sa
trace
en
mourant,
telle
une
étoile
éteinte
dont
le
rayonnement
est
encore
visible.
Comme
Euxode
de
Cnide,
élève
de
Platon,
qui
avait
rendu
compte
des
mouvements
célestes
à
partir
des
quarante-sept
étoiles
qu'il
avait
identifiées,
le
héros
veut
écrire
autant
de
lettres
pour
se
rappeler
à
la
mémoire
de
ceux
qui
lui
survivront.
Le
préambule,
fort
ennuyeux
à
cause
de
sa
longueur,
explique
cette
intention
du
protagoniste
au
moyen
d'une
allégorie
qui
transformera
ses
écrits
en
système
stellaire.
Chacun
des
mots
deviendra
donc
une
étoile
de
sa
carte
du
ciel
que
les
proches
pourront
consulter
pour
comprendre
le
cheminement
de
sa
vie.
Ce
projet
d'écriture
forme
le
fond
de
cette
œuvre.
En
la
lisant,
on
assiste
à
la
genèse
d'un
acte
littéraire
qui
veut
assurer
la
résurrection
du
héros
à
l'instar
de
celle
d'Osiris,
ce
dieu
égyptien
toujours
vivant
grâce
à
sa
femme
Isis.
Écrire
ne
serait-ce
pas
enrichir
la
mythologie
pour
que
les
liens
entre
la
terre
et
l'au-delà
soient
solidement
maintenus?
Ce
récit,
dont
le
titre
indique
faussement
qu'il
s'agit
de
lettres,
n'a
rien
d'épistolaire.
Le
héros
consigne
les
événements
qui
l'ont
marqué.
La
découverte
de
la
grande
ourse
et
de
son
homosexualité,
ses
voyages
en
Grèce,
au
Tibet,
en
Corée
et
ailleurs,
son
métier
de
rédacteur
pour
le
Gouvernement
canadien,
ses
amitiés
pour
une
vieille
dame
et
son
ami
Rémi
ont
fait
de
lui
l'homme
qu'il
est.
Un
homme
incarné
dont
l'esprit
n'est
pas
séparé
du
corps.
Comme
La
Maison
étrangère
d'Élise
Turcotte,
ce
récit
renoue
avec
un
Moyen
Âge
plus
sensible
à
l'importance
de
l'anatomie.
Par
ses
souvenirs,
le
héros
réinvente
donc
le
corps
béni
de
ses
jeunes
années.
Un
corps
qui,
tel
un
arbre,
s'enracine
profondément
dans
le
sol,
et
dont
la
cime
touche
les
cieux.
Sa
philosophie
de
la
vie
cache
un
profond
malaise.
Par
l'écriture,
il
sublime
les
rejets
dont
il
a
été
victime
à
cause
de
son
orientation
sexuelle.
Il
se
crée
un
monde
littéraire
qui
favorise
son
acceptation.
À
partir
de
là,
son
passage
sur
terre
doit
rester
marquant
même
si
la
vie
l'a
fait
différent.
Par
ses
lettres,
il
espère
ainsi
à
l'heure
de
son
dernier
souffle
devenir,
comme
une
étoile,
la
traînée
lumineuse
qui
guide
les
âmes
encore
errantes.
Somme
toute,
c'est
la
méditation
d'un
homme
du
mitan
de
la
vie,
qui
revisite
son
passé
en
empruntant
la
peau
d'un
mourant.
Il
ne
voudrait
pas
partir
sans
apporter
sa
contribution
pour
aider
ceux
qui
restent.
Dans
ce
contexte,
la
mort
apparaît
moins
angoissante.
Elle
termine
un
cycle
pour
introduire
le
moribond
au
Temple
de
la
renommée
comme
diraient
les
amateurs
de
hockey.
C'est
une
œuvre
positive,
parfois
floue
à
cause
du
langage
poétique.
L'étude
du
thème
n'atteint
pas
nécessairement
la
clarté
voulue
malgré
les
repères
culturels
auxquels
réfère
l'auteur.
Mais
il
reste
que
c'est
une
œuvre
intéressante
pour
qui
veut
méditer
sur
la
finalité
de
l'existence
humaine.
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