Homel,
David.
L'Évangile
selon
Sabbitha.
Éd.
Leméac,
1999,
333
p.
Les
Fous
de
Dieu
David
Homel
est
un
juif
d'origine
russe,
né
à
Chicago
en
1952.
Installé
à
Montréal
depuis
environ
25
ans,
il
alimente
les
journaux
de
Montréal
en
articles
divers,
en
plus
d'être
l'auteur
de
cinq
romans
écrits
en
anglais.
Son
quatrième,
L'Évangile
selon
Sabbitha,
rend
hommage
à
ses
oncles
colporteurs.
Exerçant
le
même
métier
que
les
ancêtres
de
l'auteur,
Nathan
Gazarra
parcourt
la
Côte
du
Salut,
ce
qui
semble
être
la
Géorgie
si
l'on
se
fie
à
la
toponymie.
Avec
sa
vieille
fourgonnette,
il
se
rend
dans
les
villages
ruraux
dépourvus
de
centres
commerciaux
pour
offrir
des
produits
de
première
utilité
comme
du
fil,
des
tissus,
du
ruban,
voire
des
chapeaux.
On
est
donc
transportés
dans
l'Amérique
profonde,
où
les
habitants
se
distinguent
par
leur
crédulité,
leur
ignorance
et
leur
ferveur
religieuse.
À
l'occasion,
le
héros
se
transforme
en
prédicateur
à
la
demande
de
la
population
qui
aime
bien
se
faire
expliquer
les
textes
sacrés
de
la
bible,
le
livre
par
excellence
des
Américains.
Voilà
qu'un
jour,
il
voit
dans
un
fossé
une
femme
de
20
ans,
Sabbitha
Hunter,
qui
a
fui
son
village
natal
à
la
mort
de
ses
parents.
Abandonnée
par
un
oncle
incestueux
qu'elle
aimait,
elle
prend
l'autocar
sans
destination
précise.
Elle
descend
à
un
carrefour
qui
lui
semble
assez
éloigné
de
la
civilisation
pour
y
refaire
sa
vie.
Accueillie
par
le
colporteur
juif,
elle
accepte
de
le
suivre.
Sur
son
passage,
elle
suscite
une
admiration
sans
bornes.
Nathan
récupère
cette
popularité
pour
proposer
une
nouvelle
religion
basée
sur
la
transgression
de
la
Loi
divine,
dont
Sabbitha
serait
le
verbe.
Servie
par
une
grande
beauté,
elle
devient
malgré
elle
l'instigatrice
de
tous
les
assouvissements.
Sur
ce
canevas,
l'auteur
brode
le
portrait
de
l´Amérique
ordinaire.
Une
société
de
puritains
étouffés
par
des
lois
qui
engendrent
l'adultère
et
la
violence.
La
sainteté
par
le
péché
attire
donc
des
adeptes
fanatiques,
dont
on
excusera
les
frasques
en
rappelant
que
Jacob
fut
l'élu
de
Dieu
malgré
ses
fautes.
Pour
croire
à
cette
religion
païenne,
il
faut
un
miracle
qui
la
soutienne.
Ils
l'auront.
Au
contact
de
Sabbitha,
les
inhibitions
sexuelles
tombent
comme
feuilles
en
automne.
Ceux
qui
en
profitent
le
plus,
ce
sont
les
plus
défavorisés
par
la
nature
comme
les
kermessistes,
ceux
dont
la
difformité
est
exploitée
dans
les
cirques.
Cette
confrérie
des
humbles
et
des
corps
humiliés
trouve
en
Sabbitha
le
messie
tant
attendu.
Sous
un
angle
rocambolesque
et
ironique,
David
Homel
fait
sentir
toute
la
vacuité
qui
caractérise
les
appels
à
une
société
nouvelle.
De
manière
voilée,
il
dénonce
les
vaines
attentes
qu'entretiennent
les
sectes,
le
nouvel
âge
et
tous
les
groupements
qui
vendent
des
assurances
bonheur
aux
perdants
de
la
terre.
Si
Dieu
est
infiniment
parfait,
pourquoi
devrait-il
retoucher
sa
création?
À
la
limite
du
discours,
ce
roman
est
une
invitation
à
être
soi-même.
On
tient
la
clef
de
sa
libération.
Il
ne
faut
pas
que
l'amour
de
l'idéologie
remplace
celui
d'autrui
sans
quoi
on
se
détruit.
Pour
être
viable,
le
monde
a
besoin
de
poésie.
L'auteur,
qui
suit
un
parcours
labyrinthique,
s'en
tire
bien
grâce
à
une
écriture
concise
et
humoristique.
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