Paul-André Proulx

Littérature Québecoises

Léveillée, François.

Le Village des valeurs perdues. Éd. Les Intouchables, 2002, 147 p.

La Perte de nos valeurs

Ces nouvelles passent en revue le monde des valeurs : les idoles, la justice, les divorces, l'Église et ses voleurs du temple. Notez d'ailleurs le titre qui fait allusion à cette chaîne de friperies américaine pour indiquer ce qu'est devenue notre société. Ce n'est pas très flatteur. Avec ce livre, je craignais retrouver les farces adolescentes du Festival juste pour rire.

Eh bien non! Les jurons sont limités à deux, et la sexualité est amenée subtilement. C'est loin d'être cru. L'écriture est élégante, ce qui n'élimine pas dans les dialogues une certaine oralité. Les figures de style sont originales. J'ai adoré la comparaison rapproche les yeux cernés de la baignoire du célibataire. C'est vraiment une écriture inventive par moment. La plus grande qualité de ces nouvelles, ce sont les chutes. Elles sont vraiment inattendues.

Pour un premier essai, c'est réussi. Ce n'est pas un chef-d'œuvre, mais c'est divertissant, mordant sans être hargneux et critique sans être moralisateur. La dernière nouvelle est magnifique. L'auteur montre comment l'Église est devenue un fourre-tout. C'est hilarant pour ne pas en pleurer. C'est dommage que les chroniqueurs littéraires n'aient pas aperçu ce bon recueil de nouvelles.