Desjardins,
Martine.
L'Évocation.
Éd.
Leméac,
2005,
169
p.
Les
Effets
de
la
rancœur
En
1838,
des
colons
s'installent
dans
le
canton
d'Armagh,
nom
homonyme
d'une
ville
de
l'Ulster
en
Irlande
du
Nord.
C'est
dans
ce
décor
qui
longe
la
route
281
d'aujourd'hui
que
Martine
Desjardins
transplante
ses
personnages,
dont
Magnus
McEvoy,
un
contre-amiral
irlandais
sous
les
ordres
du
général
Wolfe
lors
de
la
conquête
anglaise.
Il
ne
s'agit
pas
d'un
roman
historique,
mais
d'une
incursion
dans
le
monde
secret
de
l'ancien
officier
venu
s'établir
dans
la
région
de
La
Chaudière.
Jusqu'à
sa
mort,
il
y
exploita
une
mine
de
sel
qui
fit
sa
richesse.
Son
décès
sert
d'amorce
à
la
vengeance
de
sa
fille
Lily,
qui
veut
laver
le
déshonneur
dont
ses
parents
ont
été
victimes.
Mise
au
courant
de
leur
secret
en
écoutant
aux
portes,
l'héroïne
entreprend,
à
leur
mort
presque
simultanée,
un
long
deuil
pendant
lequel
elle
s'isole,
de
17
à
22
ans,
dans
le
magnifique
manoir
familial,
Rideaux
fermés,
certaines
pièces
condamnées,
elle
se
prépare
psychologiquement
à
sa
victoire.
Se
laissant
dépérir,
elle
survit
grâce
au
sel
dont
la
propriété
de
conservation
est
reconnue.
Elle
recueille
même
ses
larmes
qu'elle
fait
sécher
pour
qu'elles
se
transforment
en
perles
cristallines.
En
somme,
elle
cherche
à
s'ériger
elle-même
en
statue
de
sel
comme
la
femme
de
Loth
afin
que
le
coupable
n'oublie
jamais
son
infamie.
Au
cœur
d'une
longue
métaphore,
le
sel
maintient
vivante
la
rancœur
de
Lily.
Dans
son
sillage,
elle
entraîne
ses
domestiques
qu'elle
prive
des
plaisirs
de
la
vie,
symbolisés
par
leur
goût
du
sucre.
Sous
sa
gouverne,
le
manoir
s'imprègne
d'une
atmosphère
mortuaire.
Elle
commue
même
la
mine
de
sel
en
mausolée
pour
ses
parents
grâce
au
don
de
sculpteur
de
Maître
Anselme.
Sur
terre
comme
sous-terre,
le
domaine
devient
un
vaste
cimetière
figé
dans
le
sel
comme
les
villes
de
Sodome
et
Gomorrhe.
Ce
roman
allégorique
trempe
dans
une
ambiance
gothique,
nourrie
par
la
fantasmagorie
des
légendes
québécoises
du
X1Xe
siècle.
Comme
la
soi-disant
sorcière
Marie-Josephte
Corrivaux,
la
mère
de
Lily
est
considérée
comme
une
"
fluvienne
",
esprit
maléfique
responsable
des
naufrages.
Martine
Desjardins
a
évité
de
confiner
son
œuvre
dans
un
genre
donné.
Elle
a
regroupé
quelques
caractéristiques
du
roman
historique
et
fantastique
pour
évoquer
l'amertume
de
son
héroïne.
Écrit
avec
une
fine
plume,
le
récit
de
ses
doléances
connaît
un
dénouement
précipité
qui
crée
malheureusement
une
impression
d'œuvre
inachevée.
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