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Martel,
Yann.
L'Histoire
de
Pi.
Éd.
XYZ,
2003,
334
p.
Vision
chrétienne
de
la
vie
Après
avoir
écrit
des
oeuvres
boudées
par
le
grand
public,
voilà
que
Yann
Martel
rebondit
avec
une
oeuvre
très
médiatisée.
Ce
succès
est
d'autant
plus
surprenant
que
ce
fils
de
diplomate
a
développé
un
sujet
qui
rebute
habituellement.
Pourtant
L'Histoire
de
Pi
tient
la
tête
des
palmarès
même
s'il
présente
une
vision
chrétienne
de
l'humanité.
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Ce
roman
se
présente
comme
un
triptyque.
Le
premier
volet
est
consacré
à
l'enfance
du
héros
à
Pondichéry,
où
son
père
était
le
directeur
d'un
zoo.
Déjà
en
bas
âge,
Piscine
Patel,
le
héros,
est
attiré
par
des
questions
métaphysiques,
dont
les
réponses
ne
peuvent
être
que
d'ordre
divin.
À
cause
de
son
prénom,
le
jeune
garçon
a
évité
le
sobriquet
de
"
pisse
"
en
se
baptisant
lui-même
Pi,
inspiré
de
la
célèbre
formule
mathématique.
Dans
la
seconde
partie,
la
famille
immigre
au
Canada
à
cause
des
politiques
de
Mme
Gandhi.
Comme
le
bateau
fait
naufrage,
le
héros
se
retrouve
seul
dans
une
chaloupe
de
sauvetage
avec
un
tigre
du
Bengale
pendant
227
jours.
Enfin,
des
enquêteurs
japonais
rencontrent
l'ado,
rescapé
au
Mexique,
afin
d'établir
les
indemnités
à
payer
aux
héritiers
des
victimes.
Ce
roman
peut
s'interpréter
au
premier
degré.
Il
s'agit
de
l'histoire
d'un
naufragé
aux
prises
avec
un
passager
malcommode.
Vu
sous
cet
angle,
il
captivera
tous
les
aventuriers
passionnés
par
les
exploits
de
ceux
qui
mettent
leur
vie
en
péril.
Comment
un
ado
de
16
ans
se
débrouille-t-il
en
pleine
mer
avec
un
animal
féroce
comme
compagnon
de
survie?
Heureusement,
les
connaissances
acquises
au
zoo
de
son
père
lui
seront
d'une
grande
utilité.
Pour
le
reste,
il
se
fie
à
son
imagination
et
à
Dieu
pour
affronter
la
situation.
Pendant
200
pages,
on
suit
un
cours
d'initiation
à
la
vie
pélagique,
capable
de
faire
pâlir
Thalassa
ou
National
Geographic.
Dans
ce
roman,
c'est
une
question
de
vie
ou
de
mort,
qui
ne
ménage
pas
les
cœurs
sensibles.
On
peut
aussi
envisager
cette
oeuvre
sous
son
angle
allégorique.
Si
l'histoire
raconte
la
traversée
de
l'océan,
on
peut
imaginer
le
vécu
du
héros
comme
faisant
partie
de
l'océan
de
la
vie,
tantôt
caressant,
tantôt
périlleux.
C'est
une
oeuvre
qui
fait
une
énorme
confiance
en
l'homme.
Elle
le
place
dans
la
nature
au
centre
de
l'univers.
On
le
sent
quand
Pi
parvient
à
dompter
le
tigre
qui
l'accompagne
dans
ce
périple
involontaire.
La
vie
n'est
pas
présentée
comme
une
épreuve
malgré
les
circonstances.
On
peut
vaincre
les
difficultés
si
l'on
s'appuie
sur
l'amour
de
Dieu.
Ce
ne
sont
pas
les
propos
naïfs
du
nouvel
âge
ou
la
répétition
d'un
mantra
pour
se
convaincre
de
l'importance
de
la
vie.
L'auteur
s'inspire
davantage
de
la
doctrine
péripatéticienne
pour
composer
un
univers
tournant
autour
de
l'unité
des
êtres
vivants.
Abattons
les
murs,
dit-il,
en
attirant
aussi
l'attention
sur
les
mirages
qui
garantissent
le
bonheur.
Quand
Pi
trouve
une
île,
il
se
rend
vite
compte
que
les
oasis
de
paix,
vendues
à
prix
fort
par
les
profiteurs,
sont
plutôt
des
germes
de
mort.
"
La
mort
est
jalouse
de
la
vie
".
Elle
multiplie
ses
efforts
pour
détourner
les
vivants
du
but
qu'ils
doivent
poursuivre
:
l'union
au
Créateur
à
travers
sa
création.
Elle
est
possible
surtout
si
on
se
laisse
accompagner
de
rituels
qui
la
facilitent
comme
le
dit
Amélie
Nothomb
:
"
Sans
la
grandiloquence
des
rites,
on
n´aurait
de
force
pour
rien.
"
Parallèlement
à
cette
histoire
à
doubles
clés,
l'auteur
distille
une
somme
de
connaissances
intéressantes
sur
l'univers
animal
et
marin.
Les
anthropomorphistes
fronceront
les
sourcils,
les
autres
s'enrichiront
des
recherches
effectuées
pour
soutenir
cette
oeuvre
écrite
avec
une
plume
dense
et
à
la
fois
toute
simple
et
humoristique.
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