Charlebois,
Jean.
L'Oiselière.
Éd.
de
l'Hexagone,
1998,
224
p.
Le
Verbe
de
l'amour
Comme
Christian
Bobin
dans
La
Plus
que
vive,
Jean
Charlebois
plonge
son
héros
dans
un
univers
amoureux
et
l'abandonne
au
courant
sans
gilet
de
sauvetage
pour
échapper
aux
intempéries
du
cœur.
Les
catalogues
d'éditeurs
fourmillent
de
romans
d'amour,
mais
L'Oiselière
se
classe
parmi
les
meilleurs
pour
son
authenticité,
sa
sensibilité
et
sa
générosité.
On
appréciera
cette
œuvre
pour
le
cri
du
cœur
qui
s'en
échappe.
Au
niveau
de
l'intrigue,
le
lecteur
n'aura
pas
à
apprivoiser
la
reconfiguration
du
genre.
Il
s'agit
d'une
histoire
classique.
Louis-Marie
est
amoureux
fou
de
sa
femme,
mais
la
grande
faucheuse
lui
ravit
la
meilleure
part
de
lui-même.
Il
reste
sa
fille
Florence,
dont
l'âge
varie
selon
le
discours
que
le
héros
lui
tient.
S'adressant
tantôt
à
elle,
tantôt
à
sa
femme,
il
se
laisse
emporter
par
une
parole
qui
reconstitue
la
nature
incomparable
de
l'être
disparue.
"
Je
me
dois
de
trouver
l'amour
enfoui
dans
ta
mort,
invisible
comme
le
silence.
Je
me
dis
qu'il
finira
bien
par
se
mouler
aux
mots
pour
que
ta
luminance
paraisse.
Reparaisse.
"
L'écriture
de
Jean
Charlebois
charrie
l'amour
comme
une
rivière
en
crue.
Elle
ne
s'embarrasse
pas
de
digues
pour
retenir
les
eaux.
Il
faut
que
le
débit
accru
déloge
la
femme
du
héros
des
méandres
au
fond
desquels
elle
pourrait
disparaître.
L'auteur
ressuscite
Cupidon
avec
un
verbe
intense
et
fin
qui,
à
travers
les
figures
de
style,
respecte
la
fonction
dramatique
qu'il
lui
assigne.
Il
recourt
à
toutes
les
possibilités
de
la
langue
pour
ériger
un
amour
absolu
dans
les
limites
de
la
crédibilité.
C'est
un
défi
que
de
sauver
la
vraisemblance
d'un
langage
amoureux
aussi
lyrique.
L'auteur
a
suivi
avec
succès
la
consigne
de
Paul
Éluard
:
"
Criez
je
t'aime
par-dessus
toutes
les
souffrances
qui
vous
sont
infligées
"
dans
votre
oiselière.
À
une
époque
où
"
le
discours
amoureux
est
devenu
d'une
extrême
solitude
",
comme
l'a
écrit
Roland
Barthes,
Jean
Charlebois
ramène
les
paroles
tendres
que
l'on
n'est
pas
las
d'entendre,
même
si
la
fusion
des
cœurs
conduit
parfois
à
la
folie,
voire
au
trépas,
tous
les
Tristans
et
les
Iseuts
de
la
terre.
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