Blouin,
Lise.
L'Or
des
fous.
Éd.
Triptyque,
2004,
260
p.
Violence
et
Inceste
au
sein
des
familles
La
violence
et
les
abus
sexuels
dont
sont
victimes
les
enfants
nourrissent
les
manchettes
des
journaux
et
inspirent
écrivains
et
cinéastes.
Paul
Arcand
a
tourné
Les
Voleurs
d'enfance
qui
a
connu
un
succès
retentissant,
et
le
film
Aurore
a
joui
de
la
même
popularité.
Plusieurs
romans
signalent
aussi
la
situation.
Déjà
en
1962,
Claire
Martin
dénonçait
la
violence
paternelle
dans
Un
gant
de
fer
et
Jean-Paul
Roger
se
révoltait
contre
la
pédophilie
de
son
père
dans
L'Inévitable.
Lise
Blouin
leur
a
emboîté
le
pas
avec
L'Or
des
fous.
Dans
le
décor
d'un
village
minier,
on
découvre
une
famille
de
cinq
enfants
vivant
sous
la
férule
d'un
père
incestueux,
qui
répète,
pour
deux
de
ses
rejetons,
les
mauvais
traitements
dont
lui-même
fut
victime
pendant
sa
propre
enfance.
Il
ne
restreint
aucunement
ses
actes
punitifs
:
le
corps
du
garçon
porte
la
marque
de
blessures
indélébile,
et
la
fillette
subit
même
une
fracture
de
la
clavicule.
Sa
conduite
engendre
un
climat
familial
insupportable
auquel
les
victimes
tentent
d'échapper
grâce
à
leur
imaginaire.
Profitant
d'une
mine
désaffectée,
les
deux
enfants
adoucissent
leurs
tourments
en
s'adonnant
avec
passion
à
la
minéralogie.
Ils
collectionnent
les
pierres
et,
en
particulier,
la
pyrite
de
fer
que
l'auteure
définit
comme
l'or
des
fous.
Le
grenier
se
transforme
ainsi
en
musée,
où
chaque
spécimen
est
identifié
grâce
à
la
patience
du
garçon
qui
consulte
tout
ce
qu'offre
la
bibliothèque
de
l'école
sur
le
sujet.
Cet
intérêt
dépasse
largement
les
plaisirs
du
savoir.
Les
connaissances
acquises
servent
à
défier
le
silence
qui
entourait
à
l'époque
les
sévices
et
l'inceste
perpétrés
au
sein
des
familles.
Les
deux
enfants
se
forgent
un
langage
codé
à
partir
de
la
particularité
des
pierres
pour
désigner
ce
qui
leur
arrive.
Ils
rebaptisent
leur
père
du
nom
de
Plutonique,
une
roche
très
dure,
et
leur
mère
Serpentinite,
une
roche
friable.
Reproches
déguisés
pour
condamner
la
faiblesse
de
l'un
devant
la
fureur
de
l'autre.
La
narratrice
est
l'héroïne
vieillissante
qui
évoque
le
calvaire
qu'elle
a
subi.
Son
exercice
de
mémoire
est
traduit
par
une
écriture
dense,
fiable,
sans
débordements
mélodramatiques.
L'auteure
a
pris
la
précaution
de
recourir
à
une
allégorie
minéralogique
pour
feutrer
l'animosité
de
ses
victimes.
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